Il est facile d’évoquer les Beatles à propos du groupe français Revolver : non seulement à cause du nom de groupe, mais aussi parce que cette influence se perçoit directement à chaque refrain, chaque couplet. Il s’agit ici d’un recyclage fait avec talent. Ce travail de liaison entre les différentes parties est imperceptible, les boucles mélodiques étant correctement agencées pour produire un certain effet rétro, qui a fortement impressionné le public du Grand Mix. Les sixties remises au goût du jour ? Pas sûr.
Il apparaît que ces chansons, par leur immédiateté, ont une certaine efficacité. On dirait une succession de tubes se ressemblant par leur exactitude, par la précision de leur structure. Plutôt que de vanter les mérites de ce procédé – concert fluide, sans décrochage entre les chansons, musiciens affables – il serait bon de se demander si l’on a réellement affaire aux Beatles 2010, c’est-à-dire à un groupe dont l’impact serait comparable à celui des Beatles en leur temps.
Force est de constater que le nombre de groupes se réclamant directement ou indirectement des Beatles est suffisamment important pour que la concurrence soit rude. Et ce qu’il est nécessaire de considérer est moins la dimension pop de chaque chanson que la dynamique de l’ensemble : il convient de juger sur la totalité plutôt que sur le caractère fragmentaire de l’œuvre.
Le concert est en réalité à l’image de l’album : une collection de hits assez propres qui ne se rejoignent pas en leur centre. Le style "Revolver" n’existe pas : ce qui ne signifie pas que ce groupe n’a aucun style. On peut citer comme contre-exemple l’ancien groupe de Martin Carr, The Boo Radleys, les Beatles 1990 – formidable machine à fabriquer des mélodies, redistribuant à chaque nouvel album les cartes de la pop ; groupe ayant un véritable centre à partir duquel se sont fixées les influences (et non le contraire).
Renversement de perspective que Revolver aura sans doute à conquérir avec un éventuel prochain disque : montrer que le talent ne suffit pas à produire une grande œuvre ; forger son propre style, avec patience.
En première partie, les français de Narrow Terence ont proposé une musique relativement stable, caractérisée par un aller-retour entre des compositions acoustiques – le violon s’agençant idéalement à la voix rocailleuse du chanteur – et des variations sur le thème du rock-métal, avec toute la lourdeur que cette forme nécessite.
Mais je ne prétends pas considérer négativement la lourdeur puisque chez Narrow Terence elle s’impose d’elle-même, sévèrement. Reste à vérifier si cet équilibre apparent se maintiendra, quitte à privilégier le pôle acoustique de cette formation, forcément la plus valable. J’écris ceci sans doute par dépit, parce que j’ai appris hier la mort d’Alex Chilton, celle de Mark Linkous il y a une semaine, et je me dis que la relève est loin d’être assurée. |