The Nits ont sorti un nouveau disque. "Qui ?" vous répondra-t-on le plus souvent puisque ces orfèvres pop n'ont jamais eu le succès populaire qu'ils méritent. Pourtant, ce n'est pas la faute des critiques qui dès leurs débuts décrétaient que ce groupe était "incapable de produire de mauvais disque", Télérama les surnommant "le secret le mieux gardé de la pop", les Inrocks écrivant que "Amsterdam devrait leur élever une statue", ou Lenoir les invitant en black session à la sortie de l'album Da, Da, Da. Pourtant, malgré une critique unanime et un noyau de fidèles qui les suit depuis de nombreuses années, et ne souhaite que faire partager leur amour pour les auteurs de cette pop lumineuse, le succès du groupe reste, après trente-cinq ans et une vingtaine d'albums, confidentiel.
Dès le début du disque, cet opus s'affirme comme un très bon cru. "Hawelka" et "The Hours" indolents qui nous chatouillent les oreilles par leur côté aérien, le single "Distance" qui ressemble peut-être à d'autres chansons plus anciennes des Nits mais tellement au-dessus de la mêlée de ce qui peut passer en radio, puis "Departure" ballade triste aux claviers enivrants. Plus tard, le groupe chante en français, car ce groupe, au long des albums, s'est exprimé aussi bien en anglais, français, italien... une jolie chanson "La petite robe noire", hommage aux vraies fashion victims puisqu'elle évoque le cas d'une soudanaise fouettée pour avoir osé porter un pantalon en public.
Vers la fin de l'album, on trouve trois autres pépites, le très soul "Tannenbaum", là encore soutenu par les claviers de Robert Jan Stips, "Jisp" et ses ruptures de rythmes qui fait la part belle à l'un des batteurs les plus fins de la scène pop-rock, Rob Kloet, et enfin "Return", un retour en apothéose.
Si les Nits, après trente-cinq ans de carrière, ne nous surprennent plus autant qu'auparavant, ils arrivent néanmoins à nous emmener encore vers des sommets de toute beauté. Amsterdam est la capitale du diamant, les Nits en sont l'une des plus flamboyantes preuves. |