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puce Daniel Johnston & The Beam Orchestra
Le Splendid  (Lille)  dimanche 18 avril 2010

Je ne pouvais imaginer voir un jour Daniel Johnston sur scène, pas seulement pour la raison que ses concerts sont rares, mais aussi parce qu’il m’est difficile d’assister à la fragilité psychologique d’artistes se produisant en spectacle – comme s’il y avait là une indécence : quelque chose de l’ordre du voyeurisme.

Et dans le cas du chanteur américain, je savais le style de prestation que j’allais découvrir : je l’avais récemment aperçu dans une vidéo sur internet, interprétant de sa voix inimitable une de ses anciennes chansons, mais d’une manière troublante : son instabilité (nerveuse, psychique, mentale), visible sur la vidéo par plusieurs signes physiques, contrastait avec son plaisir évident de chanter. Comme si pour Daniel Johnston ces défaillances avaient moins d’importance que l’émotion musicale suscitée.

J’ai finalement décidé de ne pas rater son passage à Lille pour deux raisons. D’abord parce que je n’ai jamais oublié son album de 1994, Fun, qui a beaucoup compté pour moi – ma subjectivité m’avait alors dispensé de savoir si ce disque était son meilleur ; et s’il était nécessaire de connaître les autres albums (environ une vingtaine) – je n’ai pas la manie des collectionneurs. Ensuite – deuxième raison – parce que le journaliste Pierre Siankowski a écrit sur le site des Inrocks un article dégueulasse sur le chanteur, d’une méchanceté effarante, qu’il me fallait rectifier d’une manière ou d’une autre – la réfutation dans ce cas m’apparaissant comme vaine.

Je m’explique : réduire Daniel Johnston à ses problèmes de santé, en s’en moquant, est navrant. D’un autre côté, parler uniquement de sa musique me paraît insuffisant. Quelle démarche à suivre dans ce cas ? D’abord s’interroger sur le rapport qu’entretient le musicien avec sa maladie – sans le juger. Comprendre ce qui amène le songwriter à donner encore des concerts malgré sa fatigue. La réponse m’est apparue clairement le soir du concert : Daniel Johnston ne peut pas craindre le ridicule sur scène, et ne peut accorder crédit à ceux qui jugent ses dernières chansons comme mauvaises, parce qu’il chante pour sauver sa vie. Lui seul peut connaître le sens de cette formule : "Rock’n’roll has saved my life" (je veux dire : lui et quelques autres de la même famille qui ont récemment disparu : Mark Linkous, Vic Chesnutt, Alex Chilton). Ne pas cesser de chanter, de composer, l’aide certainement à sauvegarder sa personnalité intime ; et peut-être aussi à s’aimer lui-même.

"I love you all but I hate myself", peut-on entendre sur un des premiers titres du concert. Nous lui avons accordé sa chance, tant sa démarche nous est apparue comme sincère. Artiste à part entière, cet homme ne s’accommode pas du regard des autres. Sa position est inconfortable, il le sait mieux que quiconque. Alors nous comprenons pourquoi cela vaut le coup d’endurer ces chansons austères, présentées comme détachées de son carnet de santé.

Considérons maintenant l’orchestre hollandais qui l’accompagnait les trois quarts du temps, The Beam Orchestra : une douzaine de musiciens sur scène… Curieux contraste quand on sait la structure spécifiquement lo-fi de la musique du chanteur américain. Alternaient ainsi irrégulièrement des chansons dépouillées, assez rugueuses, et une instrumentation grandiloquente jazz-rock qui tentait de donner un contrepoids à cette sécheresse, par une technique de remplissage.

Mais ce procédé ne fonctionne pas. Les chansons de Johnston, accompagnées de la sorte, deviennent étranges : l’orchestre, au lieu de les soutenir, les déforme. Bien sûr D. J. trouve là une base sur laquelle s’appuyer : le tempo lui est donné ; la présence des musiciens le rassure. C’est la raison pour laquelle on tentera d’ignorer cette formation douteuse pour ne faire attention qu’aux chansons, à leur immédiateté, leur nudité.

Et d’être attentif aux transitions où D. J., s’adressant au public, se révèle intimement par des confessions déguisées : "J’ai rêvé qu’un tribunal condamnait à mort quelqu’un pour avoir tenté de se suicider. Et ce quelqu’un, c’était moi".

Ce concert était une exégèse du corps de Daniel Johnston.

 

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Articles : Rejected Unknown - Le site Daniel Johnston
Daniel Johnston en concert au Festival Antifolk 2003
Daniel Johnston en concert au Festival Le Printemps de Bourges 2010 (samedi 17)

En savoir plus :
Le site officiel de Daniel Johnston
Le Myspace de Daniel Johnston
Le Myspace de The Beam Orchestra

Crédits photos : Marion Age (Toute la série sur Taste of Indie)


David Falkowicz         
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# 5 juillet 2020 : Un avant goût de vacances

il fait (presque) beau partout, on sort un peu de chez nous, on voit nos amis, on pense aux vacances. Chez Froggy's on continuera tout l'été à vous alimenter en culture mais ce sera peut être un peu plus calme. En attendant, voici le sommaire et bien sûr le replay de La Mare Aux Grenouilles #5 !

Du côté de la musique :

"Les îles" de Benoit Menut
"Echange" de Brussels Jazz Orchestra, Claire Vaillant & Pierre Drevet
"INTENTA experimental & electronic music from Switzerland 1981-93" par divers artistes
"Jimmy Cobb" mix #19 de Listen In Bed
"Chausson le littéraire" de Musica Nigella & Takenori Nemoto
"Alessandro Scarlatti, il Martirio di Santa Teodosia" de Thibault Noally & l'Ensemble Les Accents"
et donc La Mare Aux Grenouilles numéro #5 avec la liste de ce qui a été abordé et le replay.
et toujours :
"Grand prix" de Benjamin Biolay
"The Beethoven collection Vol1 : Sonatas by Clementi, Hummel, Dussek and Wolfl" de Jean-Efflam Bavouzet
"Eivind Groven Symphonies N°1 & 2" de Kristiansand Symphony Orchestra sous la direction de Peter Szilvay
"L'heure bleue" de Marianne Piketty, Le Concert Idéal
"Tu rabo Par'abanico" de Marion Cousin & Kaumwald
"Veines" de Merakhaazan
"Silas" de Silas Bassa

Au théâtre dans un fauteuil de salon avec :

des créations :
"La Putain respectueuse" par Gérard Gélas
"Dracula Asylum" par Felicien Chauveau
"L'Homme qui rit" par Gaële Boghossian
"Cage" par Jacques Bellay
"Kyste" de et par Eloïse Hallauer et Camille Soulerin
et une pépite : "Jimmy's blues" de James Baldwin par Nicolas Repac et Anouk Grinberg
du théâtre moderne :
"Vient de paraître" d'Edouard Bourdet par Jean-Paul Tribout
"La vie de Galilée" de Bertold Brecht par Eric Ruf
le répertoire classique par la Comédie français d'hier et d'aujourdhui :
"Le Mariage de Figaro" de Beaumarchais
"On ne badine pas avec l'amour" d'Alfred de Musset
Au Théâtre ce soir :
"Les Petits oiseaux" d'Eugène Labiche
"La Reine Blanche" de Barillet et Grédy
"Les Petites têtes" d?André Gillois
des comédies :
"L'Opération du Saint-Esprit" de Michel Heim
"Jeux de mots bêtes pour gens laids" autour de textes de Bobby Lapointe
"Pochettes Surprise" de Jacky Goupil
du côté des humoristes :
"Jean Luc Lemoine - Au naturel"
"Moustapha El Atrassi - Second degré"
du théâtre visuel avec "L'Avare" par la Compagnie Tàbola Rassa
et enfin du théâtre lyrique avec"Ercole Amante" de Francesco Cavalli par Christian Hecq et Valerie Lesort

Expositions :

les réouvertures de la semaine :
le Musée d'Art Moderne dela Ville de Paris avec les collections permanentes de "La Vie Moderne" dans sa nouvelle présentation et la salle Matisse
le Musée Rodin
le Musée national des Arts asiatiques-Guimet
le Musée Cognacq-Jay et le Musée du Louvre
et les expositions en "real life" à ne pas manquer :
"Otto Freundlich - La révélation de l’abstraction" au Musée de Montmartre
"Turner, peintures et aquarelles - Collection de la Tate" au Musée Jacquemart-André
"Harper's Bazaar, premier magazine de mode" au Musée des Arts Décoratifs
"Christan Louboutin - L'Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée
"Cézanne et les maîtres - Rêve d'Italie" au Musée Marmottan-Monet
"Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la Vie romantique
"Les Contes étranges de N.H. Jacobsen" au Musée Bourdelle
les Collections permanentes du Musée Cernushi
"Le Monde selon Roger Ballen" à La Halle Saint Pierre
"Helena Rubinstein - La collection de Madame" et "Frapper le fer" au Musée du Quai Branly
"Monet, Renoir... Chagall - Voyages en Méditerranée" à l'Atelier des Lumières

Cinéma :
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du thriller :
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"La Onzième heure" de John Lyde
de la romance :
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