Dans un monde idéal, la simple évocation du nom Archie Bronson Outfit devrait suffire à éveiller tous les enthousiasmes à grands coups de "aaaah", de "ooooh", de "mmmmmh" et autres onomatopées équivoques. Pour cause, les anglais nous ayant déjà livré deux albums terriblement convaincants, Fur puis Derdang Derdang, formidables expressions de blues-rock garage dans ce qu’il a de plus lourd et de plus sombre. Malheureusement, nous ne vivons pas dans le monde merveilleux de Mickey et il va donc falloir faire l’article pour convaincre du bien fondé de ce groupe à l’intelligence musicale indiscutable.
Il faut dire qu’avec ce nouvel opus, Coconut, les britons ne rendent pas la tâche particulièrement aisée. Le parti-pris artistique très puriste des précédents albums en prend un sacré coup. Et pour cause, leur producteur n’est autre que Tim Goldsworthy, co-fondateur de DFA. Oui, DFA, le label electro. LCD Soundstystem, The Raptures, tout ça, tout ça… Pas étonnant donc que des boucliers (fiscaux ou non) se lèvent pour écrabouiller une bonne fois pour toutes le traître trio. Il est vrai qu’à l’écoute du disque, la surprise voire la stupéfaction est forte. Des sonorités electro sous toutes leurs formes (samples, vocoder, claviers…) se sont immiscées dans chacun des titres de ce nouvel album. N’empêche, l’identité artistique profonde des anglais n’est pas entamée, aucunement. La lourdeur des guitares, l’humeur sombre, les tubesques compositions sont toujours bel et bien là, "Magnetic Warrior" qui ouvre l’objet de la discorde, mais aussi "Sharks Tooth", "Hoola" et "Wild Strawberries" (portent bien leur nom, grrrrrrrr les fraises), "A Right To A Mountain Life".
Alors, amis de la défense de l’intégrité artistique, s’il vous plaît, déposez les armes et soyez honnêtes avec vous-mêmes. Parce qu’entre nous, si cet album était arrivé dans vos oreilles sous une autre appellation que celle d’Archie Bronson Outfit, vous vous seriez réjouis. Dans l’ignorance et la découverte de titres aussi réussis vous vous seriez roulés et extasiés, simplement. Vous auriez pris le plaisir là où il se trouve, sans vous poser de questions. Parce que le problème est bien là finalement. Que cet excellent album mariant illégitimement sonorités electro parfois 80’s (sacrilège) et blues rock garage bien gras, soit l’œuvre d’Archie Bronson Outfit. A ceci, amis puristes, une seule question s’impose à nous tous : qu’est-ce que ça peut bien foutre ? |