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The Bay of Future Passed  (Head Records)  janvier 2010

C'est bien simple : Microfilm est un peu le groupe idéal, dont je n'aurais que du bien à dire. L'une des rares formations dont toutes les productions sont des classiques immédiats.

Est-ce leur rock instrumental, façon post, proche de Mogwai, des premiers Mono, de From Monument to Masses ou Explosions in The Sky, ample, généreux, qui a le bon goût de ne jamais verser dans les facilités de ce genre aisément experimento-jusqu'au-boutiste ? Est-ce le recours systématique aux samples de dialogues de films qui leur tient lieu de chant ? Est-ce le bon arrière-goût de série B qui nimbe et unit tout cela ?

Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore le quatuor poitevin mais qui ne seraient pas privés de toute culture musicale, on renverra à "La maman et la putain" de Diabologum, qui avait trouvé son inspiration et ses vocaux dans le film éponyme de Jean Eustache. A ceci près que Microfilm ne fait pas dans le premier degré dramatique mais cultive un sens du décalage, de la distanciation, d'une certaine grandiloquence un peu passée. Acteur anonyme dans un costume à peine trop grand, des décors à la Ed Wood. Ce qui n'impose pas la gratuité et la vacuité de sens, comme le démontre clairement le très social "Devant nous, rien".

A l'art musical, Microfilm joint des talents de monteur, de réalisateur et arrive à faire naître instantanément un suspens, une tension, une attente. Comme si l'on avait simplement inversé les proportions respectives de la musique et du film dans la réalisation d'une pièce cinématographique. Sur scène le parallèle cinématographique est plus adéquat encore puisque la formation joint aux instruments les projections vidéos (en stéréoscopie, c'est à dire en 3D à lunettes rouge / bleu, à l'époque de Stereodrama).

Sur disque, le dispositif est d'un pertinence remarquable et ouvre de nouveaux horizons expressifs. S'affranchir du chant n'était pas suffisant, Microfilm s'affranchit aussi de la récitation et de l'écriture des paroles, choisit de travailler sur un matériau brut, trouvé, alors même qu'il a été créé à d'autres fins. Se mettent ainsi en place des effets de décalage, d'écho, de répétition, champ-contrechamp de l'écriture musicale qui atteint dans cet album une très mature virtuosité.

Ce processus créatif n'est d'ailleurs pas sans rappeler certaines écritures photographiques : il s'agit de découper dans une matière (le réel d'une rue ou d'un visage, les dialogues d'un film de série B) pour les mettre en scène des éléments dont la portée significative se voit ainsi étendue. Que l'on juge de la puissance que peut prendre une phrase aussi cinématographiquement anodine que "nature prooves that the weak must die so that the strong can live"  ("la nature prouve que le faible doit mourir pour que le fort puisse vivre") une fois ainsi mise en musique et en lumière.

Rien de nouveau sous le soleil des projecteurs avec ce troisième opus, The Bay of Future Passed, qui prolonge intégralement le plaisir de ses prédécesseurs (A journey to the 75th, 2004 ; Stereodrama, 2007). Comme de revoir un bon film par-cœur connu, de découvrir la perle cachée de son réalisateur fétiche. Jubilatoire, de bout en bout, quoique ce soit avec le temps, lorsqu'on y est familiarisé et qu'il nous est devenu un classique, que l'album se révèle le meilleur.

Et puisqu'on ne saurait reprocher au groupe de ne pas livrer la bière, les pizzas et les amis avec lesquels écouter le film noir de son Bay of future passed, quelle critique reste-t-il à formuler ? Celle-ci, peut-être : de nous avoir refait le coup du moyen-métrage. C'est que, comme ses prédécesseurs, l'album ne dure qu'une quarantaine de minutes ; la durée d'un LP du temps du vinyle, me dira-t-on ; oui, mais justement – il en faudrait plus encore pour rassasier l'auditeur ravi.

On se lamentera peut-être aussi sur la rareté des apparitions scéniques du groupe, alors même que c'est au contact du public que le projet prend toute son ampleur. Heureusement, la politique culturelle ambitieuse du pays en matière d'accompagnement de la création et de promotion d'un art populaire contemporain exigeant peut laisser espérer des lendemains radieux. Il n'y avait pas de corps, parce qu'il n'y a pas eu de meurtre" , comme le proclame "Blood Sample". CQFD.

Un incontournable, rien de moins, comme toute la discographie du groupe.

 

En savoir plus :
Le site officiel de Microfilm
Le Myspace de Microfilm


Cédric Chort         
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