Retour tranquille des Texans désinvoltes, qui (tor)pillent sans vergogne le répertoire de leurs illustres aînés pour un album "intemporel et frais à la fois" (pour citer le dossier de presse ; la fraîcheur étant toute relative parce que l’atmosphère est plutôt à la moiteur et au Whisky sec !).
Il y a quelques rares labels qui bénéficient d’une côte de confiance inébranlable, tout simplement parce qu’ils ont accompagné notre jeunesse (4AD, Sarah Records, Rough Trade…) et parviennent, des années plus tard, à maintenir le cap malgré les turbulences. Beggars en fait partie grâce à un son unique et des signatures au caractère affirmé.
On se trouve donc plutôt en terrain ami au moment d’écouter ce deuxième album des Strange Boys (après le chouette And Girls Club sur le label In The Red en 2009). Et l’impression est rapidement confirmée avec le Dylanien "I See" en ouverture. Quelques notes d’harmonica et nous voilà donc transportés dans les sixties (voire les fifties). On retrouve avec plaisir les ingrédients qui nous ont fait apprécier les Black Lips : l’insouciance, l’énergie communicative, l’absence de calcul… La production est réduite au strict minimum et revendique un son crado qui sied bien à l’objectif de l’entreprise : faire du vieux avec du neuf ! De ce côté là, rien à redire : on en a pour nos sous.
"A Walk on the Bleach" (dont on appréciera au passage le jeu de mot) fait monter la température de quelques degrés et nous prend presque par surprise, après des débuts bien plan-plans. A noter que les titres des chansons illustrent à merveille l’esprit Rock’n’roll du groupe : c’est direct, ça déroule, sans fioriture. On n’est pas là pour se faire des noeuds au cerveau !
Les premières notes de "All You Can Hide Inside" nous font croire à un "Hallelujah" geignard mais fausse alerte, c’est juste une ballade presque romantique.
Le chant n’est pas toujours très juste (faut reconnaître), la voix râpeuse à souhait (on retrouve avec délectation ce chant décomplexé et nasillard déjà aperçu chez les Walkmen ou les Clap Your Hands…) mais après tout, on était prévenus, ces garçons sont étranges et ce n’est pas pour nous déplaire…
Dans ce joyeux désordre ambiant, deux titres se détachent : tout d’abord l’excellent single "Be Brave" (qui sert également de titre à l’album) avec ses chœurs festifs de fin de soirée, son saxophone débridé et sa batterie poisseuse, "Night Might" ensuite et sa guitare dissonante, incontestablement les titres les plus rythmés et les plus réussis.
Pour le reste, l’exercice est certes mené de belle manière mais sans réelle surprise et cette affaire finit par tourner un peu en rond (et de plus en plus lentement, tant le tempo se ralentit). Nul doute que ses titres trouveront une nouvelle vie sur scène, où l’on sent bien que le potentiel du groupe prend toute sa valeur. |