Il y a trois ans, Benoît Dorémus était un chanteur encore inconnu, qui se laissait découvrir avec beaucoup de plaisir lors des premières parties de Renan Luce. Sur scène, il assurait et assure toujours seul, avec sa guitare. Un chanteur piloté par Renaud, qui à l'instar de son idole, n'avait pas oublié sa langue dans sa poche.
Derrière quelques morceaux à l'état brut qui faisaient tendre l'oreille, on découvrait ses coups de gueule, ses faiblesses, mais aussi ses émotions, ses doutes et des sentiments qui faisaient le charme du premier album, Que jeunesse se passe.
Ses premières parties ne lui ont pas offert le même nombre d'albums vendus que Renan Luce mais n'empêche que les chanceux qui avaient eu l'opportunité de le découvrir le surveillaient de plus ou moins loin ; on ne fait pas du neuf dans la chanson française tous les jours. Et du coup, quel plaisir d'apprendre que le chanteur sortait en 2010 son deuxième album, 2020.
Mais là, on reste sceptique à la première écoute. La voix de Benoît Dorémus est là, mais parait adoucie, mielleuse... Et que dire des mots trop entendus et faciles qui ouvrent l'opus sur "Bilan Carbone".
Trois ans plus tard, Benoît Dorémus suit toujours son ami Renan Luce en tournée, ce dernier aurait-il déteint un peu trop sur lui ? Les paroles à la fois cyniques et émouvantes de Benoît Dorémus qui avaient tant plu à la critique et à son public seraient-elles une histoire ancienne ? D'ailleurs son ami Renan l'a rejoint pour la composition de "Je sors avec une étudiante" nous confit-il, et ça se sent.
À la deuxième écoute, quelques morceaux sortent quand même du lot. Accompagné des chœurs de Lison Cotten sur "Tu dors à contre-jour", le mélange de la contre-basse et de la guitare mélodique habilement menée mettent bien en lumière des paroles plus ressemblantes à ce dont il nous avait habitués. Un morceau frais qui nous vole enfin un peu plus d'attention.
Le morceau "Paris" quant à lui mêle des critiques en apparence faciles au cynisme qui lui est propre, voilà un Paris vu à travers les yeux d'un parisien de cœur, pris au piège au milieu d'une ville qui bouillonne.
Alors voilà, il faut rentrer dedans. Benoît Dorémus est un peu plus juste, il balance moins, son petit côté brut à prendre en l'état s'efface peu à peu en laissant place à un album plus mûr, plus construit, mais du coup un poil plus ennuyeux.
Cependant, le chanteur n'en est pas moins sûr de lui, avec l'acte IV "De l'autre côté de l'ordi" voilà une habile façon de glisser une continuité transversale à travers ses albums, il nous fait part de ses doutes, de sa vie actuelle, après ses premiers pas dans le premier album ("J'apprends le métier (acte I)", et "L'enfer (acte II)" et "Deux dans mon égo-trip (acte III)"). |