Derrière Lilly Wood & the Prick se cache un duo parisien. Nili au chant et Ben à la guitare forment un binôme qui entonne de la pop en anglais. Créneau légèrement encombré me direz-vous ? Remarque peu pertinente sans doute. Reste qu’après un EP assez prometteur avec quelques titres promis à une rotation radiophonique fréquente, sort Invincible Friend un premier album.
L’EP contenait son lot de chansons dans l’air du temps, parfaites pour passer un bon moment. Certains titres insolemment efficients justifiaient bien le fait de tenter le format supérieur. Mais passer au LP n’est pas chose coulante. Rajouter cinq titres peut paraître aisé, mais finalement sembler être un océan à traverser.
Les deux jeunes gens ont voulu bien faire les choses. Réenregistrer les titres rescapés, mettre en boite des nouveaux, et tout cela avec des moyens qui n’étaient pas à portée avant. Trois titres à forte valeur tubique ont donc été jugés aptes à être gravés à nouveau : "Down the rain", "Little Johnny" et "Water ran".
Lilly Wood & the Prick propose une musique pas prise de tête, de l’easy listening dans le sens noble du terme. La voix délicieusement cassée de la chanteuse guide l’ensemble avec des mélodies joliment accrocheuses. Et l’album s’ouvre directement sur "Hey, it’s you" un petit single mélodique avant de passer à "No no (Kids)" où Nili a la fâcheuse tendance à répéter chaque mot de nombreuses fois (problème de bégaiement incontrôlé ?), le tout agrémenté de clavier eighties qui nous rappelle les meilleures heures de Marc Tosca et de son top 50. "Down the drain", autre single, produit l’effet escompté, parfait pour entreprendre des mouvements physiques puis "Cover my face", ballade qui veut jouer la sensibilité avec un accompagnement clavier minimaliste, tourne à la ballade folk. Côté efficacité, avec "My best" le groupe retourne à ses fondamentaux et prodigue une pop enjouée à l’instar de "Water Ran", échappé du premier effort. "Little Johnny" autre reconduit où la chanteuse prend des accents de Sharleen Spiteri (impression sans doute accentuée inconsciemment par le slide en arrière-plan), s’avère toujours constant à lui-même.
Enfin "Hymn to my invisible friend" le dernier titre, conclut (presque) l’effort en douceur. Car (Oh surprise !) vient en bonus caché (?!) quelques secondes de reprise inutile de "Down the drain" au piano et une autre petite chanson guitare/chant prise sur le vif.
Finalement on reste sur notre faim. Avec une base folk sympathique virant parfois pop efficace agrémentée de sonorités très eighties, on est en plein dans l’air du temps ! Mais rien de vraiment de nouveau. De plus le son, sans éclat particulier, manque de personnalité et les titres finissent par s’emmêler sur la longueur avec une production trop proprette, digne d’un utilisateur averti de protools.
Fort agréable à l’écoute sur les titres enlevés, on a un peu de mal sur les titres plus intimistes et convenus. Certains se révèlent mineurs et s’apparentent davantage à des chansonnettes, ritournelles agréables qui sans doute aideront à passer un bon été et resteront peut-être même dans les films de vacances de bord de plage de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Ne voulant pas être assimilé à une vague de duos français chantant en anglais (inutile de les citer, si ?), ils n’en sont pourtant pas très éloignés. Ce qui est sûr c’est que le revival eighties est bien là. Un peu trop lisse et avec un son sans personnalité persistante, l’album contient cependant son petit lot de titres qui passeront sans mal à la radio (ou sur les chaînes musicales de la TNT pour les plus équipés d’entre nous). Par contre, de là à siéger de manière statutaire dans une platine de salon (ou lecteur MP3 à la pomme), il y a un pas qu’il faut franchir. Chansons d’une saison, c’est déjà pas si mal. |