On découvrait les Pipettes en 2006, un trio de filles habillées de robes noires à pois blancs qui semblaient tout droit sorties d'un épisode d'Happy Days. La musique s'inspirait des girl groups américains des sixties comme les Ronettes ou des Shangri-Las, mais les paroles un peu vachardes ("Your kisses are wasted on me" ou "I don't love you. If you think that is cruel, then you should see what my friends do." ("One Night Stand")) transformait ces petits bonbons en dragées au poivre. Produites par Gaz Parton de Go! Team, les voix mises bien en avant punchaient l'auditeur à l'abdomen.
Alors quelle déception que ce second album ! Du trio du premier album, il ne reste qu'une seule chanteuse, épaulée par une nouvelle venue. La musique s'est désormais engagée sur la route du disco d'Abba et de la synthpop des années 80. Le look, quant à lui, s'inspire de l'imagerie pulp de science-fiction des années 50. "Call me", le morceau qui ouvre cet album, commence avec des cornes d'alerte pour une attaque aérienne, continue sur un rythme disco, enchaîne avec un "Ain't no talkin", de la disco pop qui fleure le pantalon patte d'éph' blanc, soutenu par un riff de guitare efficacement entêtant. Quant au morceau final, "From today", il se termine dans un mix chaotique de pop dansante indie. Earth vs. The Pipettes se révèle donc être un mélange un peu tordu.
On se rappelle que les Sugarbabes avaient samplé Gary Numan pour ce qui a été leur seule production valable "Freak like me". Earth vs. the Pipettes est dans le même esprit mais vise plutôt, sur "Stop the music" par exemple, du côté de Candy Staton. Quant aux paroles ("You lost me again", "I'm finding my way to love you again, I'm finding my way to forgive you"...), elles sont désormais devenues insipides au dernier degré.
Puisque Mika cartonne mondialement en reprenant Sheila & B. Devotion, pourquoi les Pipettes ne chercheraient-elles pas à s'engager dans la même voie ? Pour les fans du premier album, ils ne trouveront pas grand-chose à sauver ici puisque les Pipettes V1.0 et les Pipettes V2.0 semblent être deux groupes totalement différents qui n'auraient de commun que le nom. Pour les oreilles qui s'aventurent sans a priori à l'écoute de Earth vs. The Pipettes, elles rencontreront une disco pop pas forcément désagréable, produite de manière professionnelle, mais qui sent plus la fabrication industrielle vendue en supermarché et emballée sous vide que le produit artisanal auquel on aurait consacré temps et amour. |