Comédie poétique de Capucine Vignaux, mise en scène de Simon Caillaux, avec Anne-Laure Gofard, Simon Caillaux, Franz Debrebant et Romain.
Dans un bar, oublié du monde, quatre personnes attendent. L'un, le guitariste, attend parce qu'il est ici, et que sa vie consiste à regarder le temps passer en grattant parfois les cordes de sa guitare. Un autre est arrivé dans cet endroit il y a bien longtemps déjà, après avoir été élevé dans une banlieue dont tous les habitants s'en allaient.
Deux visiteurs arrivent ce jour. Lui a été serveur au Café Esperanza. Il vient de Valparaiso, et comme jadis son grand-père, il cherche à attraper un lapin de Patagonie. Elle, elle a donné rendez-vous à quelqu'un dans cet endroit, ils doivent se rencontrer entre dix heures et vingt-deux heures.
Voici une pièce étrange dans laquelle les quatre protagonistes n'échangent pas. L'auteur, Capucine Vignaux, ne donne d'ailleurs pas véritablement d'explication sur leur parcours avant qu'ils ne se retrouvent dans ce bar d'Ushuaïa, la ville la plus australe du monde. Ils racontent des histoires, mais en soliloquant. On pense bien sûr à "En attendant Godot" de Beckett, sauf qu'il n'y a là aucune dimension spirituelle à cette mise en parenthèse du monde, juste de la solitude.
Les acteurs d'ailleurs n'ont même pas besoin de jouer leur rôle avec conviction, ils ont avant tout besoin pour exister dans cette pièce de faire preuve de présence, quitte à surjouer pour occuper l'espace. c'est une pièce au-delà de la solitude, sur la lutte contre l'oubli.
Difficile au premier abord d'être séduit par cette pièce. Il ne s'y passe pas grand-chose, le nom, "Esperanza Café" joue du mot "Esperanza", entre le français "Espérance" et l'espagnol "Esperar" (attendre). Les personnages sont seuls avec eux-mêmes, les spectateurs parfois s'ennuient, perdent le fil des réflexions un peu délirantes de l'un ou de l'autre des personnages.
Et pourtant, par à-coups la magie de la scène opère. C'est avant tout cette présence de l'acteur qui existe aussi par son apparition au milieu de la scène, dans ce décor de bar fait de bric et de broc, d'éléments rapportés d'ailleurs, où la lumière met en valeur le comédien.
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