Spectacle conçu et interprété par David Costé et Maëlle Faucheur.
La Compagnie Le Dahu, fondée par David Costé et Maëlle Faucheur pour "mettre en laboratoire le fonctionnement des conditionnements sociaux, des personnalités, des prises de position et des croyances", propose avec "Poupée(s)", qu'ils qualifient de "conte biscornu à deux personnages", d'explorer la figure symbolique de la poupée.
Une thématique intéressante s'il en est par la forme anthropomorphique de la poupée et sa résonance avec le corps qui est le véhicule et l'instrument du comédien et du danseur qui, selon les conceptions, se dédouble ou transmute entre homme et personnage et joue avec son propre corps qu'il instrumentalise comme une marionnette.
Une thématique complexe également par la diversité de ses déclinaisons, entre la poupée objet de construction de soi mais également objet de projection cathartique des névroses, la poupée ludique de l'enfant et la poupée gonflable substitut féminin fantasmatique des pulsions sexuelles, sujet intimiste du double-miroir, objet magique et initiatique ou produit de consommation idéologique pour un prêt-à-penser.
De Barbie à l'héroïne des contes de fées ou de fantasmes en passant par la poupée bellmerienne, tout ce corpus réflexif est abordé et "représenté" par le spectacle hybride des deux officiants qui mêle théâtre, danse et arts plastiques dans un registre qui ressortit essentiellement à l'exploration et aux limites du jeu corporel, et qui peut, parfois, paraître hermétique parce que non balisé en paroles.
Le spectacle commence par la naissance saisissante de la "poupée", soubresauts dans une poche placentaire qui voit la vie émerger des limbes archaïques de manière asynchrone, titubante et pourtant si déterminée, jusqu'à ce qu'une main vienne la tenir. Terrifiant et d'une beauté esthétique éblouissante.
La prestation de Maëlle Faucheur, comédienne initiée à la "danse du corps obscur" qu'est le butô, est, à ce titre, simultanément surprenante, fascinante et mystérieusement lumineuse par sa propension à l'évocation d'images mentales qui font sens, souvent intimes, voire dérangeantes, mais jamais neutres.
Un très beau travail d'une compagnie plus que prometteuse qui s'est fixée des objectifs ambitieux et exigeants. |