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The recordings of the middle East (EP)  (PIAS)  avril 2010

J'ai récemment été interpellé par un article de mon camarade David Falkowicz. Si vous fréquentez régulièrement ces pages html, vous verrez certainement ce dont je veux parler. Sinon, je vous conseille d'aller vous rafraîchir rapidement la mémoire ici.

J'ai tout d'abord été interpellé par cet air de vieillesse qu'avait pris ma tante Ursule, elle, l'éternellement jeune, la muse immortelle du rock lui-même. Pour tout dire, ça m'a plutôt mis la puce à l'oreille. Quelque chose clochait. Et puis cette phrase, quelle idée : "la pop ne vaut plus rien aujourd'hui, c'est mort tout ça, il ne nous reste plus rien". Nietzschéenne, ma tante Ursule ? Pire : défaitiste, pessimiste, résignée ? Il fallait que j'en aie le cœur net, aussi décidais-je de rendre à ma tantine une courtoise visite dans ce sud de la France où elle a momentanément posées ses valises estivales. Comme le croyant rendant visite à la pythie, j'emportais avec moi une offrande : The recordings of the middle east, premier EP du collectif australien The Middle East.

Pour tout dire, je passe un temps incalculable à essayer de surprendre, sans beaucoup de succès, ma tante Ursule, à essayer de lui fourrer dans les oreilles le disque inconnu, la composition rare, le titre qui aura le pouvoir de la déstabiliser. En cela, j'attendais beaucoup de ma trouvaille qui vaut, disons-le simplement, son poids en oléagineux.

C'était sans compter sur la culture de ma tante. À peine le disque déballé, elle sourit. Elle le connaissait. Enfin, pas tout à fait. Elle connaissait l'album. Comment ? Oui : l'album. Parce que cet EP, paru en avril 2010 chez Pias, n'est qu'une version remaniée du premier album de la formation, paru il y a plus de deux ans, là-bas, en Australie. Ah. Oui oui. Elle le sait bien, ma tante, parce qu'elle y était, à l'époque, parce qu'elle a découvert le groupe sur scène, certainement pour l'une de leurs toutes dernières dates avant qu'ils ne se séparent. Se séparent ? Ursule rit. C'est toujours ainsi. Le rire d'Ursule comme un camouflet à mes certitudes. Elle a l'air si jeune, quand elle rit – et moi si bête.

En tout cas, elle est contente qu'ils aient fini par se remettre ensemble. Elle dit que c'était un peu bête, cette séparation. Elle n'en dit pas plus. Ursule écoute "The Darkest Side", premier titre et pièce de folk suave, toute d'apesanteur onirique. À un moment, elle commence à raconter : "Je me souviens. L'Australie. Il y avait ce jeune homme...". Elle se tait à nouveau, un sourire au lèvres. Comme je la regarde, une bouffée de tendresse me submerge. Elle sera toujours plus jeune que moi. Je me rassure un peu.

Quand démarre "Lonely", le deuxième titre, j'ose interrompre son silence. "Ursule, tu sais, mon ami David, qui est venu te voir. Il t'a apporté un disque. 1973. Il m'a raconté votre conversation. C'est quoi cette histoire de pop qui ne vaut plus un clou ? La pop est morte ?".

Ursule me regarde gravement, puis éclate de rire soudainement. Je me sens bête. Elle se lève. "C'est un gentil garçon, ton ami. Mais qu'est-ce qu'il est sérieux !". Elle ramasse un disque sur un petit meuble et me le tend : Bye bye Cellphone. "Tiens, tu lui rendras son disque. Je l'avais déjà. En mp3.". Elle a un grand sourire, comme un gosse espiègle content de sa farce. Elle n'en dira pas plus.

Un doigt sur les lèvres, elle reste assise là, moi avec elle, et nous écoutons The Middle East. C'est beau, tout simplement. "Lonely" s'achève, le folk s'est emporté dans les saturations douces d'un shoegazing au ralenti, indolent. La demi-heure du disque déroule ses paysages merveilleux, paisibles, amples. Les voix s'emmêlent, toutes de douceur, puisant dans un registre émotionnel sans affectation. "Beleriand" en guise de point culminant, certainement.

À un moment je me souviens d'avoir pensé que ça n'était pas léger comme les Beach Boys mais que c'était peut-être bien cela, la pop d'aujourd'hui : quelque chose qui piocherait autant dans le folk que dans le post-rock, le shoe-gazing, tout le reste du rock. Une musique populaire, facile à écouter mais pas décervelée. Il y a toujours eu quelque chose d'exaspérant dans cette espèce de joie futile qu'affichaient les Beach Boy et qui symbolise pour moi tout ce que la pop peut avoir d'exaspérant.

Soudain, une ancienne photo me revient en mémoire. Ma tante Ursule, à Londres, où elle vivait aux alentours de 1966, dans les mêmes cercles que les Who, Hendrix, Cream. Elle était bien loin des Beach Boys et de leur Pet Sound, Ursule. D'ailleurs je me souviens de nos discussions. Ursule n'a jamais aimé les Beach Boys. N'a jamais aimé cette pop là, tout simplement. Tout s'éclaire soudain.

Je quitte ma tante sans oser lui laisser The recordings of the Middle East, de peur qu'elle ne se moque de moi. Et aussi parce que j'ai bien envie de le garder, cet EP. Je pense à toi, David. Je me demande si Ursule ne t'a simplement dit ce que tu avais envie d'entendre. Si elle ne s'est pas jouée de toi, te renvoyant à tes propres convictions. À moins que ce ne soit de moi, qui refuse de la voir vieillir, de l'imaginer s'aigrir...? Peut-être ai-je tort, bercé d'illusions jusqu'à refuser de voir les choses avancer vers leur fin ; mais il me semble à moi que la pop est comme toute la musique, qui est comme Ursule : toujours jeune, pleine d'une vitalité qui devrait nous faire rougir de toutes nos petites lassitudes.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album I Want That You Are Always Happy de The Middle East
The Middle East en concert à La Maroquinerie (29 juin 2010)

En savoir plus :
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Cédric Chort         
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# 22 septembre 2019 : Fin d'été

Fin d'été c'est le titre du nouvel album de Samir Barris, on vous en parle en ces premiers jours d'automne, tout comme les autres sorties musicales, littéraires, théâtrales, cinématographiques et muséales qui ont retenu notre attention cette semaine. C'est parti !

Du côté de la musique :

"Corpse flower" de Mike Patton & Jean Claude Vannier
Rencontre avec Joseph Fisher autour de "Chemin Vert", assortie d'une session acoustique à découvrir ici
"Prokofiev : Visions fugitives" de Florian Noack
"The basement tapes" de Mister Moonlight
"The uncompleted works volume 1, 2 & 3" de Nantucket Nurse
"Là-Haut" de Gérald Genty
"Ilel" de Hildebrandt
"Buxton palace hotel" de Studio Electrophonique
"Vian" par Debout sur le Zinc
"Impressions d'Afrique" de Quatuor Béia & Moriba Koita
"Fin d'été" de Samir Barris
et toujours :
"Schlagenheim" de Black Midi
"Tokyo dreams" de Dpt Store
"Terry Riley : Sun rising" de Kronos Quartet
"Diabolique" de l'Epée
"Mer(s) : Elgar, Chausson & Joncières" de Marie-Nicole Lemieux
"Like in 1968" de Moddi
"Voodoo queen" de One Rusty Band
"Moon" de Violet Arnold

Au théâtre :

les nouveautés avec :
"L'Autre monde ou les Etats et Empires de la Lune" au Théâtre Athénée-Louis Jouvet
"Le Misanthrope" à l'Espace Cardin
"L'Animal imaginaire" au Théâtre de la Colline
"Data Mossoul" au Théâtre de la Colline
"Danser à la Lughnasa" au Théâtre 13/Jardin
"Le Frigo" au Théâtre de la Tempête
"A deux heures du matin" au Théâtre L'Atalante
"La Veuve Champagne" au Théâtre de la Huchette
"Le Square" au Lavoir Moderne Parisien
"Jo" au Théâtre du Gymnase
"Jean-Marie Galey - Ma Comédie française" au Lavoir Moderne Parisien
"Ah ! Félix" à l'Eglise Sainte-Eustache
"Le Voyage musical des Soeurs Papilles" à la Comédie des 3 Bornes
"Lucie Carbone - Badaboum" à la Comédie des 3 Bornes
"Casse-toi diva" au Théâtre La Croisée des Chemins
"Nora Hamzawi" au Théâtre du Rond-Point
des reprises
"Letzlove - Portrait(s) Foucault" aux Plateaux Sauvages
"One night with Holly Woodlawn" aux Plateaux Sauvages
"Diva sur Divan" à la Comédie Bastille
"La Liste de mes envies" au Théâtre Lepic
et la chronique des spectacles à l'affiche en septembre

Expositions avec :

"Mondrian figuratif" au Musée Marmottan-Monet
"L'Age d'or de la peinture anglaise - De Reynolds à Turner" au Musée du Luxembourg

Cinéma avec :

"Ne croyez surtout pas que je hurle" de Franck Beauvais
Oldies but Goodies avec "Marie pour mémoire" de Philippe Garrel
et la chronique des films à l'affiche en septembre

Lecture avec :

"Barbarossa : 1941. La guerre absolue" de Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri
"Bête noire" de Anthony Neil Smith
"Dictionnaire égoiste de la littérature mondiale" de Charles Dantzig
"Gaeska" de Elrikur Orn Norddahl
"Les refuges" de Jérôme Loubry
"Liquide inflammable" de Robert Bryndza
et toujours :
"Ici seulement nous sommes uniques" de Christine Avel
"Les altruistes" de Andrew Ridker
"Les yeux fumés" de Nathalie Sauvagnac
"Un autre tambour" de William Melvin Kelley
"Un mariage américain" de Tayari Jones
"Week end à New York" de Benjamin Markovits

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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