Eternellement relégué au rang de jeune premier, un peu charmeur, Damien Jurado sort son neuvième album dans la même indifférence que ses précédents. Crooner à minettes pour les uns, folkeux un peu chiant pour les autres, Jurado ne sera sans doute jamais ni Elliott Smith, ni Neil Young.
Pourtant, ce Saint Bartlett impose un peu plus son talent tant comme songwriter qu'en tant qu'interprète. Aider à la production par le tout aussi discret mais efficace Richard Swift, Jurado livre un album cohérent et abouti. A commencer par "Cloudy Shoes", morceau assez atmosphérique et mélancolique enrobé de quelques légers effets. Titre que l'on aurait rêver écrit par Paul Carter et ses Floatation Toy Warning il y a 10 ans et qui fait mouche aujourd'hui dans le répertoire de l'américain. Ce titre justifie à lui seul déjà l'existence de cet album.
Plus acoustique, le reste de l'album est fait de ballades folk sans artifice, touchantes et élégantes à l'image de "The falling snow" très proche de Neil Young.
Tout comme celles du vieux briscard canadien, les chansons de Jurado nous parlent comme si un vieux pote perdu de vue depuis toujours refaisait surface et nous racontait sa vie en chansons, comme un troubadour, sans imaginer une seconde le faire pour le spectacle mais seulement pour le plaisir. Plaisir de chanter autant que celui de l'écouter.
Le résultat n'est bien sûr pas spectaculaire mais est au contraire très intimiste et c'est d'autant plus difficile de capter l'auditeur sans autre artifice que sa voix et de belles mélodies. Sur Saint Barlett Jurado réussit pourtant le tour de force de garder l'attention du début à la fin et pas seulement sur quelques chansons, il faut dire aussi que le disque est assez court et se hisse petit à petit dans la cour des grands songwriters reprenant presque à zéro le travail accompli jusque là.
Un nouvel album aux allures de nouveau départ que l'on ne peut qu'encourager.
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