Avec un nom de groupe aussi fleuri que Holy Fuck, on ne peut s'attendre avec ces gars là qu'à du lourd, voire du gras, no future et tatouage.
Pourtant, ces Canadiens qui en sont déjà à leur troisième album et dont le travail est connu et reconnu sont bien loin de cela et ont plutôt l'air d'adolescents attardés, dans les années 70, avec leur musique électro rock. En fait, il est plutôt question de krautrock qui est finalement un peu à l'électro ce que le post-rock est au rock.
Batterie lourde et épileptique, synthétiseurs analogiques aux sons caractéristiques et chevrotants bricolés à grand coup de potentiomètres sur des claviers vintage, pas ou peu de chant et une basse en guise de métronome, tels sont les ingrédients d'un album de krautrock réussi.
Quelques réussites françaises récentes nous avaient redonné un certain intérêt pour le genre, notamment via les eexcellents Turzi, parfaits clones des groupes de kraut allemands de la fin des années 70, ou encore Zombie Zombie qui, comme leur nom le laisse à penser, se place plus dans un registre proche des B.O. des films de John Carpenter.
Tout cela pour dire que côté krautrock, on est servi avec Latin, et même bien servi avec cet album court mais intense.
La batterie imprime aux chansons un rythme ultra soutenu, voire épileptique comme sur l'excellent "Stilettos" ou encore "P.I.G.S" à la construction très post-rock qui ferme avec grande classe l'album, par ailleurs ouvert par une épatante intro qui aura également pour rôle de vous faire monter le son ce que vous ne regrettez pas plus tard sur les premières mesures de "Red Lights" et ses claviers entêtants.
Latin est absolument addictif et hypnotique et sa courte durée offre l'avantage de pouvoir réécouter souvent l'album en boucle. |