Une vraie météo
bretonne en ce samedi après midi à St Brieuc : entre
quelques gouttes, le soleil brille !
Et si la température extérieure nous rappelle que
nous sommes au bord de la Manche, sous le chapiteau de la place
Poulain Corbion c’est bien les mers du sud que l’on
croyait entendre… et l’Afrique nous semblait vraiment
toute proche !
Sans se bousculer on s’installe "tranquille" devant la scène, il est 18h et l’ambiance bonne enfant accueille Magyd Cherfi, venu nous faire découvrir sa cité des étoiles.
Le toulousain métisse, sans ses complices de Zebda, entame ses premières phrases à peine arrivé sur scène, en toute simplicité, souriant, presque timide avec une main dans la poche. Les paroles coulent et se boivent sans souci, claires, poignantes elles nous rappellent les thèmes chers à Zebda : immigration, intégration, les douleurs et les joies vécues, mais le style est différent. Plus poétique, moins festif, mais aussi plus diversifié : de java et chanson française jusque reggae et rythmes maghrébins, la musique nous conte autant que les mots d’où vient Magyd.
La
simplicité et la maturité qui semblent être
à l’origine de son dernier album nous permettent de
découvrir, non sans plaisir, la vraie nature du toulousain.
Alors à force d’être franc, forcément
le courant passe et les sourires envahissent les visages des spectateurs.
On en redemande, et c’est avec plaisir que la Bretagne adopterait
Magyd s’il désirait connaître un coté
de la mer moins amer que le sien !
On se sent bien maintenant, les effluves du sud sont bel et bien ancrées sous le chapiteau et personne n’est décidé à les laisser s’échapper. Nous sommes prêts pour des sons plus rythmés, plus chauds encore, et le reggae ne pouvait pas mieux tomber … Et quel reggae !
Là encore pas de place pour des petits joueurs. Ce sont de vrais croyants rasta qui prennent place. La Mystic Rasta est dans la place !
Remplaçant au pied levé un Anthony B que l’on ne regrettera pas, Mystic Revelation of Rastafari, groupe au nom on ne peut plus évocateur, est une formation créée bien avant nos naissances, dans les années 40, par Count Ossie, véritable père du Reggae. Aujourd’hui ses compères jamaïcains continuent l’aventure, à plus de 80 ans pour certains !
Difficile à croire tant la scène est animée
par les chants et les danses, sans doute JAH leur donne t-il cette
force ? En tout cas rares furent les spectateurs à ne pas
esquisser un ou deux sautillements au rythme des percussions rasta,
imitant le spectacle qui se déroulait devant leur yeux…
Aaahh si mon papy avait été rasta !
Décidément c’est bien grâce à leurs origines africaines que les deux premiers concerts de ce début de soirée nous ont tant emballés.. alors allions nous en rester là ?
A 20h, personne, place Poulain Corbion, ne songe un instant à cela ! Ni le discours des intermittents, ni le soleil couchant qui apportait une lointaine fraîcheur ne nous ferait aller voir ailleurs. Et si au fond de nous, c’est l’âme de l’Afrique que nous voulions rencontrer ce soir ?
Quelques minutes de patience et elle était là, l’Afrique !
Incarnée par une princesse aux pieds et à la tête nus : Rokia Traoré.
C’est un véritable "orchestre" traditionnel
malien, mené par un balafon magnifique, qui accompagne la
chanteuse. Une pointe de modernité folk est apportée
par la guitare de Rokia, mais l’ensemble respire la tradition
mandingue, le cœur de l’Afrique, avec ses percussions
qui vous remuent les tripes. Quand avec tout cela la voix de Rokia
, fine et douce, se fait entendre, on est envoûté,
les plus grands fans hurlent leur amour aux premiers rangs, on est
ailleurs…
Mais ce n’est pas fini, car Rokia et sa choriste ne sont pas que chanteuses : elles dansent ! Et la princesse mandingue devient reine ! Alors on se laisse porter… on se sent vibrer à l’unisson, le rythme est simple et efficace, tout comme l’attitude de la chanteuse qui conte la condition féminine en Afrique mais ne laisse pas paraître la difficulté. Peut être cela paraît un peu lent pour ceux qui ont envie de bouger ? et bien soyez patients !
Au
1er rappel, Rokia appelle, pour un bœuf plutôt bien préparé,
la venue sur scène de son ami Keziah Jones,
tête d’affiche de la soirée, qui accompagnera
de sa guitare résolument électrique les percus africaines
pour quelques titres. La sauce prend sans problème et tout
le monde sur scène comme dans la foule, se lâche, une
danseuse mandingue débarque au coté des stars pour
une véritable démonstration, le spectacle est complet
!
Dur de quitter tous ces rythmes chauds et ce chapiteau de gens heureux. Car les gens semblent tous plus ravis les uns que les autres, et, si sans doute la plupart étaient venus uniquement pour Keziah Jones, personne ne regrettera les découvertes de la soirée. Et moi je repars avant le concert de LA star malienne, les oreilles et yeux ravis… pas besoin de plus.