Lundi 27 septembre, premiers jours de l'automne. On n'a pas tellement envie de sortir un soir en semaine, pas tellement envie d'affronter les gens pressés, le vent sur le quai, les haut-parleurs qui hurlent dans nos oreilles... Mais je vais voir Patxi ! Alors, hop, je me prépare psychologiquement à accomplir ce trajet long et pénible et au bout de… 20 petites minutes, sans foule ni stress, j'arrive à La Boule Noire !
Nous sommes un peu plus d'une centaine et pas de jeunes groupies hystériques en vue : surtout des trentenaires, autant d'hommes que de femmes. On est loin des salles remplies d'adolescentes lors des tournées de la Star Ac : cela ne va-t-il pas déstabiliser notre chanteur basque ?
Après presque trois quarts d'heure d'attente, les musiciens prennent possession de la batterie, du clavier et entament "Paris". Puis Patxi entre en scène, veste en cuir, tee-shirt délavé et jean's... mais peu importe ses vêtements, il est surtout habillé d'un immense sourire. Il est heureux d'être là ; cela se voit, cela se transmet.
Sous les applaudissements, il finit déjà son premier morceau en répétant fièrement "Je suis à Paris". Et tant pis si c'est à La Boule Noire et pas (encore) à la Cigale. Il chante, dans la capitale, ses textes et ses musiques. Il ne boude pas son plaisir et nous présente directement ses deux acolytes : Loïc Maurin et Mathieu Denis, avec qui il échangera, tout au long du concert, de multiples sourires complices et amusés.
Après une petite phrase qui confirme cet état d'esprit, Patxi enchaîne trois chansons rythmées "Ville", "Hegalekin" et "A l'évidence", peu modifiées par rapport à leur version album. Le son est excellent.
Profitant de l'accordage de sa guitare, Patxi s'adresse à son public et avoue son stress : "Il faut du courage et de la folie !" La réaction est immédiate : tonnerre d'applaudissements pour l'encourager. Mais pas que ça !.. Il y a aussi des vannes qui fusent, il y répond amusé, promet une conso à un spectateur très zélé, se moque de lui-même ; on est entre amis.
Après cette petite pause, Patxi nous offre une nouvelle chanson d' "écrivains" (inspirée de l'essai Quitter la France d'Ariel Kening) puis c'est "Le début du siècle" qui explose dans la salle. Suivent "Désert" et les paroles d'un poème pour introduire "Comme". Place à l'émotion. Patxi décide de livrer une interprétation plus parlée que chantée et laisse ainsi transparaître davantage de sensibilité que dans l'enregistrement studio. "Je n'ai plus peur de rien" confie-t-il doucement en s'asseyant sur le bord de la scène. Les paroles du poème reviennent conclure ce moment d'intimité entre un jeune chanteur et ses quelques cent spectateurs... Puis c'est reparti pour le rock et une musique énergique, cadencée, avec "La vie normale" et "Mordu" (chanson du premier album, totalement revisitée pour la scène).
La fin du concert se profile déjà. Patxi re-présente ses musiciens, remercie beaucoup et termine avec "Non, non, non" qui trouve une autre dimension en concert, transportée par les "ohohoh" entonnés par le public.
Rappel oblige, le chanteur revient avec un petit sourire moqueur en coin : "Vous êtes restés ? Ils ont fermé les portes ?". Il nous offre une jolie interprétation des "Paradis perdus" et conclut par un duo avec Sébastien Larfague sur "Parachute". Les mains dans le dos, le regard pétillant, il montre toute son admiration pour celui qui lui a permis de présenter ce second album.
En quittant la salle, j'entends certains spectateurs s'étonner d'avoir découvert de "beaux textes et une musique rock". Moi, je pense surtout aux sourires et à la joie partagés ce soir. Il y avait de l'émotion, de la complicité, du plaisir. La froidure de l'automne et les pensées tristes sont bien loin : un vent de chaleur humaine, venu du pays basque, les a balayées. |