Onze morceaux d'une unité remarquable, sauvagerie rock'n'roll se résumant certes à trois ingrédients essentiels, rythme d'enfer au piano, solos de guitare bien gras et chant qui ferait passer Lemmy de Motorhead pour un gamin, mais quelle efficacité !
Des brûlots de 3 minutes en moyenne composés dans l'urgence comme une envie de pisser.
Voilà comment définir cet album des Jim Jones Revue au style plus méchant et basique que le John Spencer Blues Explosion (qui a relancé le rock'n'roll dans les années 90) ou Heavy Trash.
Il est plus question ici de rock'n'roll garage que de rockabilly ou psychobilly.
"Dishonest John" annonce la couleur d'emblée, le programme est d'envoyer du gros rock'n'roll survitaminé, un truc sauvage alliant les recettes efficaces du passé à des riffs d'aujourd'hui plus assassins.
Ainsi, sur ce premier morceau ce groupe Londonien convoque en même temps Jerry Lee Lewis, New-York Dolls et The Hives pour un ensemble bien garage enrobé d'un son légèrement heavy sur les grattes (ça penche un brin vers les Flying Donuts ou Obits).
Ca traîne pas encore sur "High Horse", cadence infernale au piano du même tonneau, solos de guitare carrés sans fioriture, voix endiablée, explosion des fûts, le tout en moins de 3 minutes, bien plié.
Vient "Big Len" où la rencontre des gros riffs lourd et du piano aérien et virevoltant. Alors que l'on a la sensation d'avoir écouter 5 morceaux faits exactement sur le même moule, la dernière moitié de la galette va nous faire mentir.
Avec "Burning your house down", le groupe enlève les doigts de la prise quelques secondes.
Encore question de rock'n'roll qui claque mais un tempo un peu blues (lourd comme blues quand même) calme - un chouilla - l'affaire.
Et si "Killin' Spree" se révélait être le morceau de l'album, plus subtil (c'est rien de le dire), cordes bloquées un peu punk, voix un peu soul, plus de basse, cadencement plus lent avant que le tout ne parte en vrille dans un fracas pas possible sur les 30 dernières secondes.
"Righteous wrong" est un blues certes un peu hardeux, crade (ça gueule, riffs gras) mais agréable à écouter, histoire de faire retomber le taux de testostérone.
Enfin, "Stop the people" ressemble à ces vieux boogies d'antan, toujours du piano fou, solos de guitare efficaces, mais les ziquos vont laisser de côté la sauvagerie d'ensemble de l'album pour un hommage moins excité.
On ressort de l'écoute scotché par l'energie déployée tout en imaginant aisément que ces Jim Jones Revue doivent nous clouer 100 fois plus sur scène.
Faut sortir les calpins et prendre date du coup. |