Référence culte pour initiés, Count Five demeure, comme le témoigne cette photo figurant sur "Nuggets", en capes et cols disproportionnés sur le parvis d'un château, une formation à part dans la galaxie garage-punk sixties malgré une carrière météorite et un succès des plus éphémères.
Cependant, le groupe n'a cessé depuis de faire des émules, rendant le célèbre rock critique Lester Bangs complètement maboule, ce dernier allant jusqu'à prolonger artificiellement leur carrière dans son Creem Magazine ou nommant son ouvrage de référence ("Psychotic Reaction") d'après un de leur plus gros hit.
Dans la plus pure tradition garage punk sixties, Count Five aboutit au line-up définitif (deux guitares - basse - batterie - orgue) fin 65 avant de réaliser un coup de maître, Psychotic Reaction, en guise de premier simple, riff d'anthologie, classique instantané du genre, trustant du même coup tous les classements de popularité. La même année, un album sortira sur Double Shot, puis quatre autres simples suivront avec un insuccès constant avant une probable démise.
Pourtant, au milieu de cette kyrielle de formations, Count Five avait autre chose à proposer comme le témoigne cette impeccable compilation parue l'an passé : highlights de l'album, intégralité des singles (faces A&B) ainsi que les bonus tracks et alternate takes qui vont bien. La première moitié, bien dans l'esprit du fabuleux simple, réserve quelques grandes réussites "Double Decker Bus", "Peace Of Mind" ou encore l'inédit "Move It Up" ainsi qu'un hommage inattendu aux Who via une relecture de "My Generation" et de "Out In The Street".
Comme souvent, les paroles tournent entre les filles ("I'll tell the world, you're my girl", "The World"), la frustration et autres thèmes du genre mais le goût prononcé pour les pédales (wha-wha ou fuzz) de son guitariste Mouse contribuera à créer ce son unique ...
Contre toute attente, le plus intéressant se trouve dans les singles postérieurs à l'album, chacun témoignant d'une nouvelle tentative d'orientation notamment "You Must Believe In Me" et l'épique "Teeny Bopper, Teeny Bopper" en face B, servi par un des plus incroyables riffs garage de tous les temps.
Après avoir tenté de prendre en route, comme tout les autres, dans le train du psychédélisme via l'incroyable "Contrats" couplé à "Merry-Go-Round", le groupe se sabordera en 1968 pour ne réapparaître qu'épisodiquement dans la décennie suivante
Un mythe venait de naître ...