C'est dans une certaine indifférence, une seule moitié du public leur prêtant une écoute attentive, que se produit dès 19H45 Tex La Homa, deux sur la scène du Nouveau Casino, pour un folk électro tantôt déjanté et tantôt mélodique et mélancolique et une salle trop grande pour eux. On perçoit une certaine distance entre le public et le groupe qui ne donne pas à ce concert toutes les qualités qu'il mériterait (voir le concert de la Guinguette pirate).

C'est ensuite dans une demie pénombre que les membres de The National s'installent, sans traîner, car ce soir le Nouveau Casino enchaîne sur une nuit spéciale (DJ et compagnie) et on ne fait pas attendre les clubbers... malheureusement.

Malheureusement car le concert commencera très tôt et tout sera quasiment bouclé à 22H30, avec pour conséquence un set relativement court pour The National.

21h : montent sur scènes les tant attendus National, les 2 jumeaux Bryan et Scott Devendorf, les 2 autres jumeaux Aaron et Bryce Dessner et Matt Berninger, le chanteur, accompagnés du violon de Padma Newsome, membre des Clogs, groupe dans lequel joue également un des frères Dessner.

Nous les avions découvert sur la brinquebalante péniche de La Guinguette Pirate et nous les avions retrouvés à Mains d’œuvres sur la scène étroite de laquelle The National se produisaient avec deux autres groupes. Aujourd’hui, en progression constante, ils investissent en tête d'affiche le nouveau Casino.

Venus pour défendre leur dernière production, le mini album Cherry Tree, ils alterneront avec les déjà classiques "Murder me Rachel", "Lucky you" et autres titres issus de leur 2 premiers albums (The National et Sad Songs for dirty lovers).

En rappel nous aurons également droit à un inédit ("et qui le restera" ajoute Padma souriant) ainsi qu'au superbe "Cold Girl Fever" que Matt dédie à Olivier (notre Olivier K à nous qui leur avait demandé s’ils voulaient bien jouer ce morceau ce soir, un peu plus tôt lors de l'interview à lire prochainement).

SI le démarrage du concert se fit en douceur la fièvre est vite montée et Matt, même s’il semble plus à l'aise sur scène (un verre de vin et une bouteille d'eau ont remplacé la bouteille de bourbon de la Guinguette Pirate), est toujours autant habité par ses chansons qui le métamorphosent totalement sur scène.

Le grand blond timide et réservé aux bras croisés avec qui on papotait 30 minutes avant au fond de la salle devient une véritable bête de scène, hurlant, bousculant, traitant son micro tant comme s’il s'agissait de son meilleur ami que de son pire ennemi. Sa voix grave toujours aussi émouvante et attachante est superbement mise en valeur par un groupe impeccable, avec l’apport majeur du violon.

Que ce soit sur des textes plus intimistes et les mélodies douces ou sur les morceaux tout en puissance, The National prouve l’étendue d’un talent musical et d’un potentiel remarquables et singuliers qui, concert après concert, sans précipitation ni effet médiatique, contribuent à leur forger une solide réputation qui les érige immanquablement en groupe culte.

On a beaucoup comparé The National avec Joy Division et il est vrai que les lives sont vraiment habités chez les uns comme chez les autres. Souhaitons néanmoins un avenir largement plus brillant pour The National qui pourrait bien devenir, avec un 3ème véritable album, en préparation probablement pour 2005, ce que les Inrocks appelaient, du temps des Pixies, le meilleur groupe de rock du monde.

Vraiment dommage d'être resté devant votre Television ce vendredi soir ...