Suite à l'émoi
provoqué dans le petit monde de la pop-rock indépendante
par la sortie de son album solo The slow
wonder, il devenait incontournable d'en savoir plus sur Carl
Newman.
Heureusement, il était de passage à Paris pour une
journée promo et grand merci à Jean Baptiste de Beggars
de nous avoir donné l'opportunité de le rencontrer.
Car il s'agit plus d'une rencontre que d'une interview et une rencontre
terriblement émouvante quand AC Newman parle des sources
de cet album.
Pourquoi avoir choisi de sortir ce disque sous
votre propre nom ?
AC Newman : En fait c'est un peu une chance de
pouvoir mettre son propre nom sur un disque.... On ne peut pas se
cacher derrière un pseudonyme. Il n'y a pas de groupe derrière
lequel se retrancher, c'est une façon de faire un disque
plus honnête, plus personnelle.
Et pourquoi avoir fait un album solo ? Vous vouliez
être votre propre patron ?
AC Newman : En fait je suis déjà
un peu mon patron dans les autres groupes mais c'est surtout parce
que on n'a pas tourné beaucoup avec les groupes et que j'ai
aussi pas mal de chansons qui ne trouvent pas leur place au sein
de ces groupes, notamment les New Pornographers alors j'ai décidé
de me lancer et d'enregistrer un disque en solo.
Et en plus j'ai eu une aide du gouvernement canadien,
qui m'a donné une subvention pour enregistrer cet album alors
c'était une excellente occasion.
Vous disiez avoir pas mal de chansons en stock,
comment écrivez-vous ?
AC Newman : En général cela part
de quelques accords et puis ensuite viennent les mélodies.
Bien que parfois j'ai directement des idées de mélodies.
Puis ensuite seulement je trouve les mots.
Cela étant, parfois tout cela est très
rapide et d'autres fois cela me prend des mois avant de finir une
chanson. Aussi, je ne pense pas qu'il y ait vraiment de méthode.
Quelles sont vos influences principales, notamment
lorsque vous composez ?
AC Newman : J'écoute beaucoup de choses
à vrai dire. Mais quand je joue, seul,
avec ma guitare acoustique, je serais incapable de situer ce qui
a pu m'influencer pour en arriver à cela. Je ne me préoccupe
pas de savoir si c'est original ou pas, si cela va sonner comme
du T-Rex ou autre chose. Mais je crois qu'au final ce qui m'influence
le plus en général lorsque j'écris des chansons
c'est la vieille pop music.
Vos chansons sont elles autobiographiques ?
AC Newman : Et bien certaines sont plutôt
le fruit de mon imagination mais d'autres, il est vrai sont un peu
autobiographiques. C'est un peu un mélange de chansons totalement
imaginaires avec des éléments de ma vie. Quelques
chansons de ce disque sont vraiment à propos de moi, d'autres
sont des histoires que j'ai inventées à partir d'éléments
réels. Ecrire des chansons à propos de ma propre vie
est une démarche que je n'avais jamais faite auparavant....(ndlr
: AC semble troublé et après une longue hésitation
nous redemande de poser la question).
Oui, certaines sont des histoires inventées
car les mots sonnent bien, d'autres sont vraiment à propos
de ma vie...(ndlr : en recevant la version définitive
de l'album on découvre sur la pochette que ce disque est
dédié à la mémoire de son père
Allan Jack Newman, ceci pouvant peut être expliquer cela).
Vous avez joué dans Zumpano, Super Conductor,
The New Pornographers, maintenant vous sortez un disque sous votre
nom. Que représente la musique pour vous ?
AC Newman : Pour moi, la musique tient une place
énorme dans ma vie, c'est mon boulot. Parfois ce n'est pas
forcément bien que cela prenne autant de place. Je me dis
que la musique prend trop de place dans ma vie mais en fait c'est
bien comme ça, ça se passe bien. Même si de
temps en temps j'essaie de m'éloigner de la musique, de redevenir
une personne "normale" mais ça ne marche pas.
Votre dernier groupe en date étant les
New Pornographers, pouvez vous nous dire si le groupe va continuer
?
AC Newman : Oui oui ! Ça continue ! D'ailleurs
nous sommes en train de travailler sur le prochain album que nous
espérons terminer pour octobre et qui pourrait ainsi sortir
dès le début de l'année 2005, vers mars je
pense.
Allez vous jouer en Europe avec ce nouvel album
?
AC Newman : Aucune idée encore, je sais
que je vais tourner aux Etats Unis et au Canada mais à part
cela, ce sera aussi une question de planning...
Vous êtes d'origine canadienne, que pensez
vous de la scène musicale canadienne ?
AC Newman : Je pense que cela s'est beaucoup
amélioré et il y a maintenant plus de groupes intéressants
qu'il n'y en a eu ces 30 dernières années. Il y a
vraiment de bons groupes comme Broken Social Scene, Destroyer (ndlr
: Destroyer est le groupe de Daniel Béjar, collaborateur
actif de The New Pornographers), Frog Eyes
... Pas mal de groupes qui méritent l'attention.
Et vous, qu'écoutez-vous ?
AC Newman : Hummmmm... pas mal de trucs anglais
comme The Solex...
La crise du disque se ressent elle aussi au Canada
?
AC Newman : Je ne crois pas que personnellement
cela m'affecte en tout cas. Par exemple les New Pornographers ont
plus vendu de disques avec le dernier album qu'avec le premier.
C'est surtout le cas pour la musique de variété. La
variété c'est un peu un feu d'artifice, de la poudre
aux yeux. Ce genre de public là n'a rien à faire de
la qualité de la musique, ce qu'ils veulent écouter
et bien ils préfèrent le télécharger
gratuitement.
En revanche, en ce qui concerne la musique underground
et indépendante, on a à faire à de vrais passionnés
qui vont aller acheter les disques des groupes qu'ils aiment. Et
puis je n'ai pas de problème vis à vis des gens qui
téléchargent ma musique parce que ... c'est bien d'écouter
de la musique et de toute façon cela ne peut que m'aider
à être connu et devenir plus populaire.
Pour finir, question rituelle, pouvez vous nous
décrire votre musique en seulement 3 mots ?
AC Newman : Hummmm ... 3 mots..... pas facile....
Je ne peux pas décrire ma musique ...
Allez je me lance, je dirais "Experimental
Power Folk".
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