Mercredi dernier, ce n'était pas un temps à mettre un chroniqueur dehors. Mais l'occasion était trop belle pour admirer, dans la salle de l'Alhambra, l'un des fers de lance de la scène pop-folk hexagonale, La Maison Tellier.
La salle se remplit progressivement et l'impatience se fait sentir.
Il est 20h30, la jeune chanteuse Lisa Portelli débarque sur la scène pour la première partie, prête à en découdre devant la salle à demi remplie.
Seule avec sa Fender telecaster et son sampler, elle nous embarque dans ses chansons rock'roll et intimistes avec des textes en français bien ciselés.
On pense à une Dominique A au féminin, à P.J. Harvey voire à Vanessa Paradis.
En prévision de la sortie de son premier album pour 2011, elle a entre autres interprété "Le tableau" et "Animal K", pour un final très théâtral où le public a enfin pu s'exprimer.
L'attente se fait un peu longue, mais voilà enfin La Maison Tellier qui entre sur une scène plongée dans le noir, en file indienne, portant chacun une lanterne de mineur à la main. Ils débutent en anglais et a cappella une chanson dans l'esprit folk des chercheurs d'or américains. Pour les néophytes, cela donne la tonalité de ce groupe. Même le look du chanteur rappelle cette époque mythique.
Ce quintet est composé d'un chanteur-guitariste, un contrebassiste-bassiste, un batteur, un guitariste et d'un trompettiste. La scène a même été aménagée, une petite table et des chaises sont à disposition des musiciens qui ne jouent pas sur tous les morceaux, ce qui est assez rare pour le signaler. Cela donne véritablement un côté plus familier au concert.
Jouant un véritable éventail de titres issus de leurs trois albums, le groupe va alterner l'anglais et le français, pour des chansons à la tonalité folk. Helmut Tellier s'en donne à cœur joie en entonnant "L'Art de la Fugue" accompagné à la trompette par Léopold. S'en suit "Cul de Sac" et son banjo endiablé qui commence à faire bouger le public.
On note de nombreux changements de configuration, soit le chanteur en solo pendant quelques morceaux, soit en version trio guitare/basse/chant, sortes d'interludes qui font de ce concert un spectacle sans temps mort.
On a même le droit à quelques reprises notamment de Bruce Springsteen ("I aint got no home"), de l'instrumental d'Ennio Morricone, bande originale du western A fistful of dollars, joué par le trompettiste (très beau moment pour moi qui apprécie ce compositeur italien) et même une reprise étonnante de "Time to pretend" de MGMT.
J'avoue que je m'attendais à ce qu'ils interprètent la reprise qui me les avait fait connaître en 2008 "Killing in the Name" de Rage Against the Machine, mais malheureusement, elle n'était pas au programme.
Helmut Tellier ponctue le set de nombreuses anecdotes, comme celle de l'origine de leur nom. Il vient du nom du bordel de la nouvelle de Maupassant, "mais attention, un bordel classe".
C'est une introduction parfaite pour le titre de leur premier album La Chambre Rose, qui semble ravir les fans de la première heure.
L'apogée du concert est atteinte avec le single "Suite royale" : groupe acclamé, ils doivent revenir pour un premier rappel avec deux titres.
On aura même droit à un extrait de "Lambada", le chanteur, très communicatif avec le public et toujours prêt à commenter les chansons, s'était risqué à faire un parallèle entre le nom de la salle et l'Espagne…
Le groupe est rappelé de nouveau après un long salut au public, en version acoustique pour deux titres "débranchés".
Le public est invité à s'asseoir pour une fin de concert en douceur et très réussie. |