Gilles Hoyer est un
nouveau venu sur la scène des cafés-théâtres
et son one man show "La première heure", qui nous
présente les rires et déboires d'un dentiste qui veut
faire du théâtre et...un enfant, connaît un beau
succès au Point Virgule.
Nous avions échangé quelques mots à la sortie
du spectacle quand il remballait ses petits accessoires et nous
avions envie d'en savoir plus sur ce grand gars mi-calme, mi-explosif.
Nous avons rencontré un grand gars tout simple, sympathique,
souriant, rieur, plein d'enthousiasme et de projets.
Vous êtes dentiste et vous l'assumez. De
la fraise au stylo il n'y a qu'un pas mais encore ?
Gilles Hoyer : Tout petit déjà, avant
la fraise, je voulais être comédien, et ce que je dis
dans mon one est vrai, mon père m'a poussé vers ce
métier et je ne le regrette pas aujourd'hui parce qu'il me
permet de gagner ma vie. Parce que ce n'est pas en faisant le kéké…
Quand j'étais étudiant, j'allais
au cours Simon en cachette mais de manière un peu dilettante.
Il y a deux ans, j'ai repris des cours à l'école Acting
International et cela m'a fait beaucoup de bien. Et j'ai commencé
le théâtre dans le Bouvard du rire qui se déroulait
à Bobino. Le spectacle comportait des sketches de comiques
qui avaient été sélectionnés et nous
avons joué la-bas tout l'état avec trois copains.
J'ai ensuite fait des rencontres, travaillé et je suis allé
aussi au Trempoint du Point Virgule où je présentais
quelques sketches.
Et puis un jour on m'a proposé de faire
une heure et j'ai fait 2 coups de cœur. Le patron du bar le
Moloko, en 1997, m'a proposé de faire le jeudi pendant un
an et demie, devant personne bien sûr, et c'est là
que je descendais par une échelle de corde, dans mon habit
de superman, dans l'espace où il y avait avant une cage dans
laquelle descendaient les danseuses. Et comme c'était un
bar il fallait y aller. Le spectacle était dans le même
esprit que ce one mais je n'avais pas encore d'enfant. Je racontais
un peu ma vie mais avant d'avoir un enfant qui est le fil rouge.
Et grâce à la naissance de mon enfant, j'ai changé
de spectacle. Et comme il va grandir…
Ensuite je suis allé au Québec pour
le Festival Juste pour rire. Cela a été dur parce
que j'étais tout jeune dans le métier et je n'étais
pas prêt. Et au retour, en 2002 j'ai enchaîné
au Point Virgule tous les dimanches. J'ai fait aussi quelques incursions
en province.
Et toujours la dentisterie?
Gilles Hoyer : Oui, mais je travaille dans un centre
de dentisterie où je ne fais que 19 heures par semaine.
Les dentistes sont toujours très bavards
pour déstresser leurs patients. Vos patients ont-ils été
vos premiers spectateurs ?
Gilles Hoyer : Non. J'essaie de détendre
l'ambiance, les mettre à l'aise bien sûr mais ils ont
besoin de professionnalisme. Quand ils viennent voir mon spectacle,
ils sont très surpris…et ils ne reviennent plus …
(rires) non, je plaisante. Ils reviennent au cabinet car cela les
détend de me voir différemment, sous un autre angle.
Quelle est la genèse de votre one qui s'avère
quand même très autobiographique et le choix du registre
du comique ?
Gilles Hoyer : C'est comme la musique. J'ai toujours
fait ça. Et le plus facile c'est de parler de soi car c'est
ce que l'on connaît le mieux. Et puis le sujet de la procréation
assistée n'avait pas été souvent traité.
Cela me plaisait bien. Mais le one a évolué et il
est très différent de celui que je jouais il y a 2
ans et qui était plus cru, plus trash et qui choquait un
peu. Et puis à la longue, cela me plaisait moins. C'est en
jouant que l'on prend conscience de ce que je peux faire et ce qu'apprécie
le public.
Suivant les jours et le public que vous avez,
êtes-vous amené à improviser ou adapter pour
tenir compte de ses réactions ou le spectacle était-il
totalement cadré et on y va ?
Gilles Hoyer : On y va ! Et le public finit toujours
par se dérider et se lâcher. Parce que cela ressemble
à un combat de boxe. L'acteur est sur un ring et il défend
son spectacle. Le but est qu'il se passe quelque chose.
Quels sont vos projets et, le cas échéant,
vos autres actualités ?
Gilles Hoyer : Actuellement, je travaille aussi
avec Francis Blind, l'auteur de" Ma colocataire est une garce",
et Michel Delgado sur une pièce qui s'appelle "La fille
aux pères" qui se jouera à la rentrée
au Méry. Le sujet : un couple homosexuel a trouvé
une mère porteuse sur internet.
J'ai aussi rencontré Gilles Gangloff. Il
jouera aussi au Méry dans une pièce qui s'appelle
"Caveman", l'homme des cavernes, qui est un spectacle
newyorkais qui a eu un succès international. Nous avons travaillé
ensemble et co-écrit une pièce à deux personnages
"La césarienne" que nous allons jouer en juillet
au Koçona café.
Tout tourne toujours autour de l'enfant ...
Gilles Hoyer : Oui ! Je suis comme ça. C'est
mon sujet de prédilection (rires)
Le one au Point Virgule s'arrêtera donc
?
Gilles Hoyer : Oui, vraisemblablement. Cela étant
j'aime bien l'idée de changer. Et puis je travaille toujours
à de nouveaux projets. Et je découvre aussi le plaisir
de jouer avec d'autres personnes. C'est aussi moins de stress que
d'être seul sur scène. La diversité est agréable.
J'aurais bien continué mon one man show mais c'est sans doute
trop.
Il y a quelques dizaines d'années les comiques,
tels Poiret et Serrault, faisaient plusieurs spectacles par soir
dans les cabarets.
Gilles Hoyer : Parfaitement, cela me paraît
tout à fait possible. Cela me plairait.
Il y a donc une boulimie de scène.
Gilles Hoyer : Ben oui…parce que cela fait
des années que j'attends... (rire). Gilles Glangoff et moi
nous entendons très bien et nous avons encore des projets
d'écriture en commun. Gilles a beaucoup plus d'expérience
que moi. Cela fait 15 ans qu'il est sur scène et il a eu
2 cafés-théâtres à Lyon. Son rêve
est de trouver un lieu, un espace de liberté pour jouer et
monter différents projets. A Paris c'est difficile de trouver
une telle scène. Mais nous y pensons.
Passer du one man show au théâtre
plus classique ne vous pose pas de problèmes ?
Gilles Hoyer : Non. J'aime les deux exercices.
Et l'alternance c'est idéal. Avec le one man show, on est
plus libre mais il y a beaucoup de tension et de stress. A plusieurs,
on partage tout et c'est plaisant de jouer avec d'autres personnes.
Quel est votre objectif ?
Gilles Hoyer : En ce moment, j'aimerai pouvoir
vivre de ce métier pour créer et monter des projets.
Je ne demande pas à être Bigard mais je voudrais amuser
les gens.
Y a-t-il des sujets que nous n'avons pas abordés
et qui vous tiennent à cœur?
Gilles Hoyer : Ma femme va ouvrir un cabinet d'orthodontie
donc si vous avez des enfants qui ont des problèmes dentaires…(rires).
Sans vouloir déflorer le spectacle, cela
a toujours été une religieuse ?
Gilles Hoyer : Non. C'était du riz au lait.
Mais la patronne du Point Virgule m'a interdit de riz au lait !
Car elle venait d'acheter des rideaux ignifugés ! Et la religieuse
au chocolat a un meilleur impact au niveau visuel.
Et café ou chocolat, qu'est-ce qui marche
le mieux ?
Gilles Hoyer : Chocolat ! D'abord parce que je
n'aime pas le café. Et en plus c'est moins marqué
!
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