Charles
Ardillon, que nous avions vu et rencontré à l'occasion
des excellents spectacles des Monty Python Flying Circus, a délaissé
l'humour du non sens légendaire des Monty Python pour l'humour
tendre de Christophe Rouzaud auteur de "On n'avait pas dit
9 heures?" à l'affiche du Théâtre du Splendid.
Une nouvelle actualité donc une bonne raison de bavarder
de nouveau avec ce comédien aimable et séduisant.
Nous vous avions quitté sur les Monty Python
Flying Circus. Les projets de reprise tant en France qu’à
l’étranger sont pour le moment en stand-by mais nous
vous retrouvons au Théâtre du Splendid dans la comédie
écrite et mise en scène par Christophe Rouzaud "On
n’avait pas dit 9 heures ?". Comment avez-vous été
amené à participer à la distribution de cette
pièce ?
Charles Ardillon : C’est grâce à
Chrystelle Labaude, l’assistante à la mise en scène
de Christophe Rouzaud. Chrystelle avait joué dans les Monologues
du vagin au Festival d’Avignon produit par Rémy Renoux
et était venue voir le spectacle des Monty Python Flying
Circus également produit par Rémy Renoux. Et elle
m’a fait signe en m’indiquant qu’il y avait une
audition pour le rôle de Jean Marc. J’étais en
Normandie dans les parcs à huitres. Elle m’appelle
un mercredi soir pour le vendredi midi. J’y suis allé.
Il y avait cinq-six autres comédiens et Christophe a fait
son choix.
Vous changez de format (une pièce linéaire
au lieu de sketches) mais également de genre (de l’absurde
à la comédie plus classique). Comme diraient les Monty,
c’est quelque chose de complètement différent.
Où vont vos préférences ?
Charles Ardillon : Aux deux. Je m’éclate
dans ce qu’on me donne. Je suis preneur. Pour cette pièce,
la partition est bonne et j’avais une vision du personnage.
Donc c’est parfait.
Ce rôle est très riche pour un comédien
puisqu’il permet d’explorer plusieurs registres de la
comédie à l’émotion, du rire à
la colère et cela avec un rythme très soutenu Parlez
nous un peu de votre personnage.
Charles Ardillon : Il s’agit en effet d’un
personnage plein de nuances et plein de couleurs. Quant au rythme,
j’en avais déjà une bonne expérience
avec les Monty. Jean Marc est un gentil lourdaud. On en connaît
tous des Jean Marc. Il est sympa et touchant et j’ai fait
mon possible pour l’humaniser au maximum sans le condamner.
On commence par son côté fou-fou et puis l’alcool
aidant …
Jean Marc aime la dive bouteille. Buvez-vous
du vrai vin sur scène ? Si oui est-ce un bon cru?
Charles Ardillon : Heureusement que non. Car je
bois en une soirée deux flutes et demi de champagne, un litre
et demi de vin et un ballon de calva.
Et voici une question existentielle. Cela ne vous
dérange pas de jouer un Jean Marc ?
Charles Ardillon : Non pas du tout. Au contraire.
Pourquoi ? (sourire)
Dans la pièce de Ged Marlon "Un simple
froncement de sourcil" Luis Rego est un comédien qui
doit interpréter un Claude. Et subitement il est envahi par
le doute métaphysique de l’acteur : Moi, jouer un Claude
? Je ne peux pas. Je n’ai jamais joué un Claude. Je
ne sais pas comme on joue un Claude.
Charles Ardillon : Plus jeune j’ai dû
être un peu un Jean Marc par certains côtés.
Par exemple me faire larguer parce que je ne me rendais pas compte
de ma lourdeur. Et puis j’en ai connu des Jean Marc. D’ailleurs
tout le monde a rencontré des Jean Marc dans les soirées.
C’est le Jean Marc qui pourrit la soirée
mais ce n’est pas le plus méchant.
Charles Ardillon : Exactement. Et puis je joue
l’ambiguité pour faire croire à une liaison
avec Tiffany, l’épouse de l’agent immobilier.
Avez-vous apporté de vous-même dans
le personnage ?
Charles Ardillon : J’essaie d’apporter
beaucoup au personnage. J’espère que c’est plaisant
pour le spectateur.
Nous avons assisté au spectacle au tout
début des représentations mais nous avons eu le sentiment
que l’équipe était très soudée
et professionnelle. Comment s’est passé le travail
en amont ?
Charles Ardillon : L’équipe est formidable.
Ce sont des acteurs chevronnés qui ont du métier.
De plus, et j’insiste, le metteur en scène savait ce
qu’il voulait. Bien sûr nous pouvions faire des propositions.
Au début, il a fallu que je m’intègre au groupe
parce que les quatre autres comédiens forment une famille
car ils ont beaucoup travaillé ensemble. Nous avons eu un
mois de répétitions très cadrées.
Le spectacle est donc très cadré
et peu propice à l’improvisation ?
Charles Ardillon : Non, non. On ne peut pas improviser.
Bien sûr il peut arriver des choses inattendues. Par exemple,
il y a deux jours, je me suis étouffé en mangeant.
Car manger en parlant, en buvant et en étant attentif aux
dialogues c’est une réelle prise de tête. Il
faut presque calculer les bouchées ! Et bien les autres comédiens
ont en quelque sorte improvisé en rajoutant quelques répliques
pour que je puisse reprendre mon souffle et cela de manière
à ce que cela ne casse pas le rythme.
Mais cela ne va pas au delà. D’autant
que Christophe Rouzaud qui est l’auteur de la pièce
et le metteur en scène joue dans la pièce. Et c’est
un véritable mirador. Rien ne lui échappe. Le lendemain,
il nous donne des indications sur la représentation de la
veille. Surtout la première semaine. Maintenant il se lâche
un peu. Et puis son personnage lui permet de rester vigilant. Car
ce n’est pas anodin s’il a pris le rôle de Steph.
Il s’agit bien évidemment d’une
comédie pour que les spectateurs s’amusent mais l’auteur
l’a truffé de répliques très cinglantes
dans lesquelles tout à chacun peut s’y retrouver. Comment
est l’accueil du public ?
Charles Ardillon : Le public marche. Parce que
comme disait Gabin il y a une histoire, une bonne histoire et une
bonne histoire. Et il y a une intrigue. Et puis chacun peut se retrouver
dans les personnages.
Il s’agit d’une programmation d’été,
la pièce démarrant en fin de saison théâtrale,
qui devrait normalement s’achever avant la rentrée.
Y a-t-il de possibilités de prolongation ?
Charles Ardillon : Normalement c’est jusqu’à
fin août et plus si affinités. Le public d’été
est un public très dur contrairement à ce que l’on
pourrait croire. Et le public est exigeant car il est lassé
de voir tout et n’importe quoi. Donc si ça marche bien
on aura un spectacle clés en main pour la rentrée.
N’est-ce pas un peu frustrant pour un comédien
de s’investir dans un spectacle à durée limitée
?
Charles Ardillon : Ce n’est pas grave. On
travaille aussi pour soi. L’acteur est instrument. Il a le
droit de faire ses gammes, de se planter, de réussir et de
changer d’orchestre. Je m’investis toujours à
fond dans un spectacle.
Quelle impression cela fait de jouer dans le Théâtre
du Splendid qui est devenu un lieu un peu mythique ?
Charles Ardillon : Pour moi c’est…dément.
Je serais passé par là.
Y jouer implique t il un esprit différent
par rapport à un autre théâtre ?
Charles Ardillon : Je pense. Surtout dans le choix
des pièces. Les deux directeurs Bruno Moynot et Christian
Spillemaecker sont exigents.
Y a-t-il un lien de parenté entre les personnages
de cette pièce et ceux des Bronzés ?
Charles Ardillon : Ils sont peut être allés
dans le même club mais ils sont différents.
Comment la pièce est-elle perçue
par les professionnels ?
Charles Ardillon : Les professionnels en parlent.
Il y a un bon bouche à oreille. Mais c’est encore un
peu tôt. La presse se déplace au compte goutte.
On n’avait pas dit 9 heures ? c’est
votre actualité. Avez-vous d’autres projets dont nous
pouvons parler ?
Charles Ardillon : Mon actualité c’est
cette pièce et je veux qu’elle dure parce qu’elle
a un public. J’ai fait des guests pour la télé
et je vais apparaître dans un film "Dans la tête
du tueur : sur les traces de Francis Heaulme" réalisé
par Claude Michel Rome. Cela sortira l’année prochaine.
Aimez-vous les biscottes ? (*)
Charles Ardillon : J’adore !
(*) question fil rouge en rapport direct avec son actualité...à
vous de jouer !
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