Parlons politique. Accrochons-nous à ce stupide débat à propos d’identité nationale. Qu’est-ce que ça veut dire au juste ? Que vous n’êtes pas dignes de Douce France si vous ne présentez pas une généalogie remontant aux Bourbons (encore mieux si vous avez des Justes décorés ou des Templiers…) ? Et ben on n’est pas dans la merde… Moi la première avec mes ancêtres bouillonnants venus casser du Gaulois…
Mais heureusement, ce débat a fait un véritable flop de chez Flop. Heureusement pour nous, il n’a pas fui chez nos voisins Belgium, ni même chez nos ancêtres expatriés (à la 800ème génération en partant de gauche) de l’autre côté de la Grande Bleue, chez les Québec. Ce sont la magnifique Patère Rose, et l’étonnant Applause, ça aurait manqué à mes oreilles s’ils n’avaient pas décidé de faire déborder leur identité internationale in Frankreich.
Applause EP (Troisième Bureau / Wagram, juillet 2010)
Les belges avaient : le dos large pour les blagues gauloises, les bières, Lara Fabian, Benoit Poolvoerde… Ils ont maintenant Applause (ouf !). Ils sont quatre et ils sont potes depuis un bail, et ils musiquent pour leur tout premier EP éponyme.
Ca groove, ça muse du côté rock anglais, ça promet un futur album tout plein de fantômes rock. C’est d’abord un tuba grave presque effacé, une voix profonde, un gargantua hurlant à la famine, puis une seconde voix comme un dédoublement de la première, en double spectral.
Cinq titres, vingt minutes de musique pour faire tourner les tables. Mais un dernier morceau abrutissant, dopé aux enceintes de super Nintendo… agaçant. Donc on remet au début, et on invite les arrières pépés à raconter l’au-delà. Et c’est trop court, mais ça promet une belle bande originale pour votre prochaine escapade au cimetière.
La Patère Rose EP (Naive, septembre 2010)
Moi, si j’étais chanteuse, je serai une patère et je serai rose. Ce que je ferai ressemblera à de l’électro-pop fleuri et coloré, mais en dix fois mieux. J’inventerai des jolies mélodies, des paroles mélodieuses, ma poésie sera une suite de mélodies toutes plus belles que les autres.
J’aurai une jolie voix de grande fillette à bout de souffle, et on s’arrêtera pour écouter la grave légèreté de mes ritournelles. Et elles vous poursuivront dans les vents.
J’aurai la grâce d’une danseuse étoile en tutu et les convictions d’un porte-voix tunné aux autocollants de la CGT. Je serai un genre de Mary Poppins tatouée à la Cœur de Pirate, en fourreau rouge Betty Boop, sexy, douce et rebelle avec mes deux poteaux musiciens.
Je lui dirai que je l’aime en lui disant que le carrelage de ma cuisine fait ressortir la couleur de ses yeux dans mon premier titre qui s’appellera "Pacemaker". J’aimerai en silence dans "Duet tacet" et je porterai un chandail gris en chantant "Duchesse".
Mais je ne peux pas, je n’ai pas de carrelage dans ma cuisine, et ça existe déjà, et ça s’appelle La Patère Rose, et c’est onze minutes bien trop courtes. Et c’est Québécois. Et c’est délicieux.
Au fait, si vous commandez La Patère Rose au Père Noël, assurez-vous d’être très précis, sous peine de vous retrouver avec un porte-manteau Barbie sur les bras. |