Il m'aura fallu attendre presque deux ans pour que je puisse ressentir ce "je ne sais quoi" qui vous rend admiratif de la première note du set jusqu'au dernier retentissement de cymbale annonçant la fin d’un concert.
La dernière fois était aussi à Saint-Etienne, lors du Festival Paroles et musique alors que j’étais venu photographier un groupe dont je ne connaissais ni le nom, ni le répertoire.
Autant dire que lorsque j'ai vu les affiches annonçant la venue de Jil is Lucky dans notre bonne vieille ville de Saint-Etienne, mon sang n'a fait qu'un tour... mais mon cœur a bien failli se désintégrer quand il a compris que la date annoncée n'était pas accessible pour moi (les récents événements météorologiques ont pu changer la donne, mais ça c'est une autre histoire...).
Bref vous l'avez compris, Jil is Lucky est revenu nous rendre visite dans la merveilleuse salle du Fil à Saint-Etienne, et ça c'est plutôt une bonne nouvelle...
En guise d'introduction à la soirée, la première partie est assurée par le groupe stéphanois Blake. Je dois dire que j'ai été agréablement surpris par ce groupe que je ne connaissais pas (décidément... mais n'allez surtout pas croire que ma culture musicale ne se limite qu'aux Ramones ou à Lady Gaga).
Le nom "Blake" est en rapport avec le peintre / poète pré-romantique britannique du 19ème siècle.
La musique des Blake est propre, très propre. On oubliera vite quelques problèmes de synchronisation entre la rythmique et la mélodie, il parait que les balances ont été faites très rapidement (trop ?).
Les musiciens de Blake ont choisi de mettre en musique des textes du poète. Ne s'arrêtant pas là, un peintre les accompagne sur scène pour créer une ambiance... noire de surcroît... un peu conceptuelle mais là je ne suis pas peintre. Cerise sur le gâteau, une danseuse intervient en ombre chinoise le temps d'un instrumental. Le groupe composé d'un chanteur guitariste, d'un contrebassiste, d'un violoniste et d'un batteur nous distille des mélodies tantôt folk, tantôt rock qui, malheureusement, me donne constamment une impression de déjà entendu, manquant d'une réelle identité pour qu'on se souvienne vraiment de la musique et non seulement de la mise en scène.
Fin de la première partie, la petite scène du Fil est immédiatement réaménagée pour accueillir Jil is Lucky. Musicalement, le ton est donné dès les premières notes de "Winter is over". C’est feutré, teinté d’ambiances folks, pop, musique du monde même ! Ce concert est l'un des derniers d'une tournée qui a débuté il y a plus de deux ans. En témoigne la guitare, complètement usée, menaçant de rendre l'âme à plusieurs reprises.
Malgré cela, on sent les musiciens impliqués, contents d'être là, communiquant leur bonne humeur envers l'assemblée conquise d'avance. Ces fameux musiciens, la plupart multi instrumentistes, jonglent entre la basse, la guitare, le clavier ou le violoncelle dans un seul et même morceau. C'est carré, millimétré et pourtant paradoxalement très improvisé (du moins en apparence).
Il serait dommage de croire que la musique de Jil se limite à son tube "The wonderer" que tout le monde connait. Toute sa musique est à appréhender dans son ensemble pour l'apprécier pleinement. Bien sûr, une majeure partie du concert se concentre sur les compositions de leur album éponyme. Ne manque que les instruments à vent utilisés en studio pour que la folie des compositions soit bien retranscrite sur scène.
Problèmes techniques ou logistiques, même constat que pour Blake, le groupe est confronté à pas mal de problèmes de son. Il n'est pas rare de voir les musiciens réclamer plus de présence, moins de basse, etc., le batteur devant même le réclamer au micro !
Moment ultime du concert, le titre "Hovering Machine", véritable bijou de blues pop lancinant, est joué lors du rappel.
Plus d'un quart d'heure de pur bonheur limite Floydien où le groupe dévoile tout son talent, où la guitariste nous donne une leçon de justesse et de sensibilité. Une bonne soirée passée au Fil dans une ambiance plutôt folk qui correspond à merveille à cette salle du bar club. |