Apres
les cerveaux, les brevets scientifiques, les footballeurs, il faut se rendre
à l'evidence, les artistes francais aussi fuient à l'étranger.
Hormis certains qui continuent à exercer l'essentiel de leur activité
commerciale sur le territoire français au nez et à la barbe de
nos amis(?) du fisc, et en même temps que nous récupérons
toutes les stars québecoises qui n'arrivent pas à percer chez
eux, nos plus brillantes stars exercent à l'étranger.
Des preuves, allons y : Jean Yves Tola et Pascal Humbert par
exemple et en l'occurence, Laetitia Sadier et son projet Monade
qui nous interesse présentement.
Car qui en France a conscience que bien avant que les "Air Daft" et
compagnie aient quitté les jupes de maman, c'est au son de Stereolab
que nous entrions de pleine oreille dans le nouveau son pop ? Que celui pour
qui Switch on (et son fabuleux "Super Electric")
et Peng ! ne sont pas des références me jette
le premier cd de Pascal Obistrot. Eh oui c'était en 1991/1992 et c'était
bon comme un moelleux au chocolat !
Aujourd'hui Stereolab a beaucoup grandi, il a eu des hauts et des bas, vécu
des moments difficiles et il revient bientôt pour notre plus grand plaisir.
Mais en attendant, Laetitia Sadier nous la joue échappée belle
et parade tranquillement, tenant le peloton à une distance respectueuse. Avec Monade, Laetitia avoue elle même qu'elle a pu enfin faire tout toute
seule, en dehors du lab et sans la patte maniaque et génialement bricoleuse
de son compère. Toute seule, comme elle le chante sur la première
chanson de Socialisme ou Barbarie "Enfin
Seule" que l'on peut prendre au premier degré, tel un soulagement,
ou bien comme un clin d'oeil à vous de choisir et à elle de savoir.
Si la voix est intacte évidement, musicalement ce disque est très
éloigné de Stereolab. Des mélodies très dépouillées
faites de petits synthés, de quelques guitares et de la voix inimitable
de Laetitia (bedroom recordings comme le dit le sous
titre) enregistrées quasiment seule avec l'aide de quelques vieux amis
de passage parmi lesquels on retrouve Pram ou son alter ego du lab, Tim. Des
chansons enregistrées en catimini donc, entre 1996 et 2002 comme nous
l'indique la pochette, parfois tendres, parfois mélancoliques ou rêveuses
comme ce très joli "Vol de jour" aux paroles infantiles
("avec ma boite en carton, j'ai fabriqué un camion ..").
En quelque sorte, tous les ingrédients réunis ici (textes faussement
poetico naifs, musique dépouillée, ...) pourraient nous faire
dire que ce disque est de l'anti folk. Mais la pochette résume à
elle seule ce disque : naïveté et impressionnisme haut en couleur.< Quoi qu'il en soit, une alternative intéressante et osée au travail
de Laetitia au sein de Stereolab en attendant un nouveau disque de l'équipe
au complet pour très bientôt.
|