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Entretien avec Nicholas Dumayne  (Paris)  juin 2004

Sur la scène musicale underground depuis quelques années, les Waiting for Words prennent enfin le taureau par les cornes pour percer le mur du silence dans un registre musical qui, s'il n'a pas les faveurs des médias, a un vrai et fidèle public.

Dans un genre qui reste très influencé par la new wave, ils viennent de sortir un album autoproduit intitulé A walk through the night ouvert sur différents horizons musicaux, tant rock que pop... découvrez les dans cette interview de celui par qui tout est arrivé Nicholas Dumayne.

Waiting for words n'est pas un nouveau venu sur la scène musicale française, cela étant, il reste peu connu. Pouvez vous nous en rappeler la genèse ?

Nicholas : Je vais essayer de faire simple. Début des années 90 après avoir eu quelques expériences avec d’autres groupes, j’ai décidé de créer le mien avec des amis. C’est devenu sérieux à la rentrée 91 quand j’ai rencontré Nikos Farmakidis qui m’a accompagné au clavier dans une formation duo techno pop avec synthé et boite à rythmes. Ensuite nous ont rejoint un guitariste et un batteur.

Nikos est parti début 94 et dans les années 95-96 le groupe est vraiment devenu formation basse-batterie-guitare toujours synthé et samplers pour donner les mélodies mais on était vraiment formation rock.Cela jusqu’en 99 où le groupe a splité complètement…pour de bon… du moins le croyait-on.

Chacun est parti de son côté mais moi au bout de 2 ans j’ai eu envie de m’y remettre. On m’a proposé de faire une musique pour un court métrage et j’ai créé le site Internet pour prendre la température. Les conditions actuelles pour faire un groupe sont différentes de celles d’il y a 15 ans. Nous avons bénéficié de chroniques et de passages en radio. Quand j’ai remis le couvert j’étais seul et j’ai contacté un co-producteur, Stone Cold, qui fait des remixes, de la bidouille, de la musique électronique car je voulais qu’il m’apporte un peu le côté son étrange et enregistrement direct sur ordinateur avec les nouvelles technologiques. Car paradoxalement pour un groupe électro, au début on enregistrait en manuel sur un 4 pistes.

Nikos a retrouvé le groupe en fin d’année 2003 ce qui a reconstitué le duo de base. Quand nous avons repris les concerts, l’ancien batteur, qui avait quitté le groupe en 98, venait ponctuellement faire le bœuf avec nous et nous a dit qu’il voulait bien faire 3-4 morceaux avec nous. Et puis finalement il fait tout le set et il part avec nous sur les 4 dates de la tournée anglaise. Nous sommes tous des trentenaires qui n’ont pas réussi à décrocher. Nous sentons que quelque chose est possible aujourd’hui et nous mettons donc le paquet.

Vous venez de parler de votre tournée en Angleterre, ce qui paraît paradoxal s’agissant d’un groupe français ayant une audience pour le moment assez limitée.

Nicholas : C’est la magie d’Internet. J’ai vu un mec qui postait sur un forum qu’il cherchait des gens pour passer sur Coventry. Le fait que nous chantions en anglais supprime toute barrière. Il y a donc eu la première date. Ensuite ils ont un magazine French violation qui est un forum de fans de Depeche Mode et qui a chroniqué notre album. Ils ont été contactés par une personne qui organisait un concert le 11 juillet et ils nous ont filé ce contact. Nous avons bouclé les dates du jeudi et du vendredi. Ensuite, il est très facile d’avoir des dates quand on dit que l’on vient de France, de Belgique ou d’Italie. C’est plus facile à l’étranger où nous avons trouvé 4 dates en 48 heures qu’en France où c’est la galère. En France, c’est morose globalement.

Avez-vous une idée des salles où vous allez jouer ?

Nicholas : Il y en a 2 qui sont sures. A Coventry, la date est sure. Nous passons dans un club The Spencer qui s’est ouvert il y a 6 mois et le dimanche nous jouons dans un club assez coté à Londres The underworld. Pour les 2 autres dates, c’est encore en négociation pour déterminer la salle la plus opportune.

Y a-t-il une possibilité de voir débarquer dans ces salles un label anglo saxon ?

Nicholas : Nous avons quelques contacts avec des labels anglosaxons mais aussi américains et pour également des projets de concerts. C’est l’intérêt d’Internet car les gens viennent sur notre site et la réponse est quasi-instantanée car on aime ou on aime pas. C’est ainsi que nous avons été diffusé sur une web-radio newyorkaise. Nous avons une personne chargée de notre communication et de notre promotion qui cherche des contacts anglosaxons car les directeurs artistiques de ces labels se déplacent et vont voir les groupes en concerts. Car ils ont encore la culture de chercher et découvrir par eux mêmes en mettant les mains dans le moteur. Allez faire déplacer un directeur artistique français ! On peut attendre longtemps.

Sauf à trouver un petit label…

Nicholas : La crise actuelle des majors va relancer les indépendants. Il y a une petite période transitoire mais on reviendra peut être à la période des années 80 où les indépendants découvraient les artistes et les géraient jusqu’à 70 000 disques.

Cela étant y a-t-il en France un label qui corresponde à votre registre musical ?

Nicholas : La difficulté est que tous les labels indépendants français sont morts dans les années 90 parce qu’ils ont été rachetés ou bouffés par les majors. Nous chantons en anglais donc autant dire que c’est carrément grillé alors qu'il y a des exemples comme Phoenix que j’ai découvert en Angleterre parce qu’ils passaient sur MTV et je n’ai appris que cette année que c’était un groupe français quand ils ont fait la couverture de Magic. Il y des exemples de groupes chantant en anglais qui marchent. Il y a Air même si sur le premier album la voix était tellement vocodorisée qu’on ne comprenait pas la langue et qui depuis chante en anglais.

Mais les maisons de disque restent très frileuses. C’est la raison pour laquelle on vise davantage les labels belges, anglais, allemands, américains voire japonais. Phoenix a cartonné aux Etats Unis et au Japon. D’ailleurs Phoenix que l'on critiquait sur ce phénomène a répondu On préfère remplir des stades de 20-30 000 places à l’étranger que de 300 en France. On veut vendre aussi. Il y a un public à ne pas dénigrer.

De là à dire que l’ambition de Waiting for Words soit de remplir les stades ?

Nicholas : Non, non. Mais quand j’entends des musiciens qui se moquent de la gloire… à ce moment là son disque on ne le met pas dans une enveloppe pour l'envoyer à BMG ou a Sony. Il faut être réaliste aussi. Nous aimerions en vivre, et en vivre raisonnablement. Nous pensons clairement que nous arrivons à toucher un public relativement large et les retours à partir de notre site le prouvent. Et il s’agit d’un public d’horizon musical varié. Donc pourquoi pas ?

Mais pour le moment, vos disques sont toujours en autoproduction ?

Nicholas : Oui. Nous avions eu une fois un contact assez sérieux avec Mute France mais à un mauvais moment quand Mute France a été rapatrié en Angleterre. Il faut dire également que jusqu’à présent nous n’étions pas animés d’une réelle volonté de démarchage tout simplement parce que nous ne nous sentions pas prêts. D’autant que nous n’étions même pas certains de ce que nous voulions.

Maintenant, vous avez un manager. Avez-vous entamé des choses concrètes ?

Nicholas : Non. Nous allons commencer du fait notamment des concerts anglais. Nos morceaux se sont améliorés avec l’apport du batteur. Nous allons ajouter de nouveaux arrangements et le gros du démarchage est prévu pour septembre octobre.

Parallèlement avez-vous des contacts pour des tremplins, des festivals ?

Nicholas : Nous avons un contact pour un gros festival d’été mais sans certitude encore. Nous en avons aussi pour une édition 2005 car c’était trop juste pour cette année d’autant que cela tombait au milieu de nos concerts en Angleterre. Cela étant, le choix se serait posé entre des concerts de 300 personnes mais qui constituent vraiment notre public et qui viennent pour écouter notre style de musique et un festival de 80 000 personnes qui vous écoutent d’une oreille à la buvette et vous ont oublié le lendemain …

En revanche, le facteur intéressant est la présence d’une foultitude de médias…

Nicholas : …c’est pourquoi nous avons préféré partir sur une optique 2005 pour nous préparer en fonction de cet événement.

Vos concerts ne sont pas que sonores. Il y a une volonté de les enrichir d’un visuel...

Nicholas : En fait, mon frère travaillait dans la scène techno il y a 10 ans et a créé l’association Happyland qui a fait les plus grosses raves de la Défense avec LFO, Garnier,… de 92 à 94. Il a ensuite créé son studio de graphisme V-Form où il faisait des images de synthèse, des créations 3D visuelles et mixait en même temps que les DJ. Pour ma part, je voyais que les groupes comme Depêche mode et U2 commençaient à intégrer des visuels. En 93-94, j’ai proposé à mon frère de mixer son univers 3D techno avec l’univers rock. On a repris cette idée en 99.

Nous avons beaucoup travaillé en fonction des morceaux. Il est clair que l’on ne peut pas le faire partout en raison de la taille des salles. Par exemple ce n’est pas possible à la Balle au bond. Et puis le visuel c’est un gros budget. En raison des nouvelles technologies on peut le limiter. Les gens ont été complètement bluffés ! V-Form n’existe plus officiellement mais ils vont peut être s’y remettre.

Il est vrai aussi que quand on est 5 musiciens on peut parfois se mettre un peut en retrait. Mais quand on est tout seul avec un batteur et un clavier c’est très fatigant et le visuel pouvait prendre le relais. Et le visuel est complémentaire de la musique.

Un batteur, un clavier c’est la formation actuelle. Vous jouez d’un instrument ?

Nicholas : En studio, je joue beaucoup de clavier et j’ai fait toute la partie guitare de l’album. Mais en live je ne me suis pas senti trop à l’aise. C’est donc le chant plus quelques parties solo. Nous cherchons à intégrer un guitariste. Le batteur joue sur un kit électronique qui permet de bien voir ce qu'il fait car il n’est pas masqué par des tonnes de fûts et il est vraiment dans le truc.

Sur scène concrètement ça donne quoi ?

Nicholas : Batterie, clavier, samples et voix. Nous avons fait une grande salle avec les visuels. Sur la péniche La balle au bond c’est hyper limite. Nous n’avons eu aucune réflexion quant à la maigreur du groupe.

Ça reste néanmoins live ?

Nicholas : Ça reste hyper live. D’abord il y a des chansons pop rock, on n’ oeuvre pas dans le style Client, Miss Kittin ou Ladytron que j’aime beaucoup. Je n’ai pas changé ma manière de composer et nous voulons conserver l’énergie rock. Avec la batterie ça donne la pêche.

Il n’en demeure pas moins que Waitings for words officie dans un univers new wave très marqué et ne cache pas l’influence majeure de Depeche Mode. Cela ne peut-il pas constituer un inconvénient car actuellement la new wave n'a pas bonne presse ?

Nicholas : Elle n’a pas bonne presse mais quand on regarde Indochine c’est plus d’un million d’albums vendus, le come back de Duran Duran pour vingt cinq dates sold-out dont cinq Wembley et Sony vient de leur signer un contrat de 42 millions de dollars, Tears for fears dont le projet a avorté à cause du licenciement de celui qui les avait signé, le retour de Cure, le futur nouvel album de New Order, la grosse demande vers Orchestral manœuvre in the dark pour qu’il remette le couvert. De plus tous ceux que je vous ai cités constituent les influences des jeunes groupes d’aujourd’hui.

Par ailleurs, j’ai été impressionné par l’étendue du public gothic new wave sur Paris quand on a fait notre promotion, bars, soirées, disquaires. Quand on voit le succès d’un groupe comme Placebo, directement influencé par Cure et Depeche Mode… Cela ne m’inquiète pas. Mais il est vrai que les médias ont tendance à ne pas en parler ou à en parler de manière négative. J’ai acheté le dernier Rolling Stones et ça me fait marrer de voir qu’il consacre six pages à Beyonce et une à Cure. Il y a quand même un problème.

Leurs critères sont purement marketing et commerciaux et non artistiques.

Nicholas : Tout à fait. Mais d’un autre côté notre groupe ne se cantonne pas à la new wave. Le morceau "Joy" sur l’album est très guitares funk avec des breaks, avec un solo très jazzy. "Above the sky" est un morceau pop. "Resign" flirte avec le trip hop avec les rythmiques dans une ambiance un peu Moby. D’où notre audience plus large.

La reprise de Depeche Mode est une signature sans ambiguïté et définitive et un risque à prendre. Vous aviez d’ailleurs hésité à la mettre sur l’album.

Nicholas : C’est exact. Mais le morceau diffère complètement de l’original, il est très guitare. Nous connaissions le risque encouru avec l’étiquette Depeche mode et c’est la raison pour laquelle nous avons commencé à faire notre promo en direction des fans de Depeche mode. Car les fans de Depeche mode sont impitoyables. Si un groupe fait du copier-coller, il se fait laminer en cinq secondes. Comme ces fans nous recevaient positivement, percevant l’influence de Depeche Mode mais aussi notre propre style, c’est flatteur.

Vous parlez aussi d’une reprise de Bowie.

Nicholas : Nous avons fait "I’m afraid of americans" en live. Mais en studio nous n’en étions pas très satisfait donc nous ne l’avons pas retenue. Nous la retravaillons et nous la mettrons gratuitement sur le site. Nous attendons en fait un guitariste. Nous la ferons tourner en juillet et nous verrons si ça marche.

Vous avez parlé du départ et du retour de Nikos, votre alter ego. Ça s’est passé comment ?

Nicholas : Il est parti en 94 car il avait créé une société qui lui prenait beaucoup de temps. Il est resté jusqu’à ce qu’on trouve un remplaçant. Ensuite, il s’est mis en retrait mais en 97 il a composé un morceau pour notre cassette et il participait un peu au mixage. Il est venu nous dépanner en 99 quand notre batteur est parti, le clavier s’est mis à la batterie et Nikos est revenu. Quand tout a splité il est parti s’installer en Grèce. A son retour, il a réintégré le groupe. Il n’y a jamais eu de dissension musicale ou autre.

Votre groupe mise beaucoup sur Internet et fait des e-single ce qui demeure une démarche encore assez rare aujourd’hui.

Nicholas : Ça commence à venir, il y a Tara King Theory, Dogma …

Quelle est la motivation pour ne pas garder un morceau pour soi, pour un label ? Comment cette démarche est-elle perçue ?

Nicholas : Dès le début du site, j’ai toujours mis des morceaux MP3 en ligne. Mais je voulais que les gens qui téléchargent aient un album entier avec la pochette, le design pour la rondelle du CD. De plus, nous finalisions l’album et nous voulions prendre la température. Nous avons mis 2 morceaux extraits de l’album dans des versions un peu alternatives plus 2 inédits dont la reprise et l’intro du concert qui n’avait pas sa place sur l’album. La troisième raison c’est que nous n’avions pas accès aux radios, aux magazines et c’était le seul moyen de toucher du monde et donc il fallait offrir quelque chose. Je ne savais pas que d’autres le faisaient. En anglais cela s’appelle les digital CD mais ils sont payants. C’est aussi plus simple et de coût zéro pour démarcher des concerts, des webradios, des webzines. Mais nous sommes un peu piégés maintenant car quand on habitue les gens à télécharger gratuitement il est difficile de transformer l’essai pour qu’ils achètent l’album. C’est plus difficile. Mais cela reste anecdotique par rapport à ceux qui achètent l’album.

Comment vont les ventes ?

Nicholas : Cela fait deux semaines que c’est en place et on en a vendu une bonne vingtaine. Donc c’est pas mal. D’autant que nous avons eu des problèmes avec les liens sur Atanata, le diffuseur. Nous allons faire de la pub car c’est la première fois que nous faisons cela, nous avons acheté un espace publicitaire dans un magazine Side line. Un magazine belge en anglais qui est la référence au niveau du public électro-new wave. On va voir le retour.

Il y a donc un investissement en argent.

Nicholas : Oui, c’est clair. Ne serait-ce qu’au niveau du site. Avec les mises en ligne etc nous étions au maximum de capacité du serveur et nous avons dû investir 200 € dans un serveur privé. On l’a fait pour six mois pour voir. Le concert du 2 avril nous a coûté également puisque nous avons loué la salle. Mais j’ai travaillé pendant plus de 10 ans dans une entreprise avec un bon poste et j’ai pu négocier un bon licenciement que j’ai réservé pour l’album et le site. Nous avons actuellement un peu de rentrées suite au concert et aux ventes de disques.

Vous en avez beaucoup en stock ?

Nicholas : Nous avons fait un premier pressage de 250 copies chacun sur son graveur. Nous avons un contact pour un pressage professionnel mais cela coûte plus cher. Pour le moment nous attendons.

Pour le moment vous existez par votre site.

Nicholas : Oui mais nous essayons d’en sortir. Nous avons eu une première chronique sur le magazine D-side, on a Side line qui va sortir.

Dans une interview, vous avez dit : On ne peut pas dire vouloir vivre de son art et refuser le système.

Nicholas : Ce qui m’énerve et me révolte, et même en temps que spectateur parce que je me suis senti insulté par ce groupe, c’est Noir Désir avec "Sombre héros de l'amer". J’ai trouvé insultant la façon qu’ils avaient de cracher sur la ménagère de moins de 50 ans, sur la façon qu’ils avaient d’accueillir leur public dans leurs concerts en leur disant ceux qui sont venir pour entendre "Sombre héros de l'amer" vous pouvez repartir. J’avais envie de leur dire: "Petit con, sans "Sombre héros de l'amer" et ceux qui l’ont acheté tu ne serais pas là aujourd’hui !" Ça c’est le premier point.

Et puis je trouve tellement facile de dire ça quand on a Universal derrière. C’est sûr qu'il ne fait pas l’émission de Jean Pierre Foucault mais son spot télé passe entre le JT et Jean Pierre Foucault et c’est une attitude qu’ont beaucoup de groupes. Pourquoi des émissions comme Champs Elysées ou Taratata ont disparu ? Parce que les mecs ont pris la grosse tête et n’ont plus voulu faire d’interviews, ni venir sur les plateaux. Aujourd’hui même si je n’apprécie pas plus que ça Star académy et cie, je me mets à la place des maisons de disques qui se sont dit "Font chier ces rocks stars et ces pop stars à la con ! On va formater nos petites stars à nous, de bons petits soldats obéissants". Et les mecs ont que leurs yeux pour pleurer.

Les anglais ont deux attitudes : quand ils sont en studio, qu'ils composent ou sur scène, faut pas venir les faire chier. Ensuite, quand la maison de disque a balancé 10 millions et bien il faut vendre. Si tous les groupes avaient fait un peu plus d'efforts, l'oreille du public aurait été différente. Et quand je vois l'attitude de certains médias et de certains auditeurs par rapport à Indochine en les traitant de vendus, on ne peut pas dire que c'est un groupe commercial après les 10 ans qu'ils viennent de vivre, sur la route en faisant des concerts, je suis content de voir un groupe un peu pervers pour adolescent qui met un peu le bordel.

Quand j'étais enfant, il y avait de vraies émissions de variétés où on voyait aussi bien Serge Gainsbourg, Depeche mode que François Valéry. Et c'est comme ça que la ménagère de moins de 50 ans a bien aimé "sombre héros de l'amer" et a acheté l'album. Je pars du principe que je m'en fous de ce qu'écoute celui qui vient télécharger sur notre site.

Que pensez-vous de la scène musicale française actuelle? Je vous ai vu arriver avec un walkman.

Nicholas : J'écoutais le dernier Morrissey. J'avais un peu décroché de la scène française. Dans les années 90 et quand j'ai rencontré mon épouse elle écoutait à fond Oui FM et elle m'a fait découvrir Mickey 3D, Luke, Tarmac. Et j'ai découvert des groupes français très créatifs et actifs. Nous ne chantons pas en anglais par refus de la scène française. J'écoute Daho, Gainsbourg... Je trouve qu'il y a eu un renouveau ces dernières années grâce à Oui FM qui a soutenu les groupes.

En revanche, les labels sont beaucoup plus frileux.

Nicholas : Quand on voit le succès de Carla Bruni elle a été signée par un label indépendant car les majors n'y croyaient pas. Indochine est revenu avec un label indépendant Double T qui a été racheté par Columbia. Mon batteur qui s'occupe de la gestion de P18 le groupe de l'ancien clavier de la Mano Negra et qui s'occupe d'un groupe qui s'appelle Gwana Diffusion était près à revendre sa structure mais quand il a vu ce qui se passait avec les majors il a changé d'avis. J'espère que les indépendants vont renaître et qu'ils ne vont pas retomber dans la doctrine anti-système des années 80. Je me souviendrai toujours de Ciel mon mardi où il y avait Boucherie prod, le label des Bérurier noir qui ont cassé le système et qui ont été rachetés par Virgin 3 jours après sans mêmes s'en rendre compte. Indépendant ne veut pas dire vendre 300 disques. C'est un état d'esprit.

Il y a également un problème avec les distributeurs.

Nicholas : Quand on voit que Warner aux Etats Unis ne veulent plus distribuer New Oder, Depêche Mode, Madonna on se demande ce qu'ils cherchent.

En fait, ils cherchent une rentabilité immédiate. Pour en revenir à l'album, la chanson "Above the sky" ne ressemble pas tout à fait aux autres et c'est celle sur laquelle vous comptez beaucoup et qui figure sur le single. Pour quelle raison?

Nicholas : Quand je m'y suis remis j'étais en vacances et il y avait le meilleur ami de ma femme qui est guitariste et j'écoutais un morceau très entraînant du deuxième album de Texas. Cela m'a donné en vie d'avoir un morceau de ce style. En voilà l'origine. Et ça a été un des premiers morceaux écrits que j'ai envoyé à Stone Cold. Il a voulu conserver cet esprit pur de la guitare et il a juste rajouté cette batterie qui me fait penser à Tears for fears. Ce morceau est sur le single tout simplement parce que c'est le premier qui était prêt. Mais nous savions également qu'il s'agissait d'un morceau qui avait un potentiel.

Il y a dans ce morceau une ambiance songwriter qui diffère des autres morceaux. Est-ce l'amorce d'une nouvelle évolution?

Nicholas : Cet album reflète bien la musique que nous écoutons. Nous écoutons aussi bien Lukas Bloom, un chanteur irlandais, Sting, du funk, que de l'électro pure et dure ou des musiques expérimentales. Dans l'album il y a deux choses : "Above the sky" dépouillé et "Travelling man", de la pure techno électro avec des synthés. Sans revenir constamment à Depeche Mode, mais dans l'album Some great reward de 1984 dans lequel il y avait "People are people", et au milieu il y a "Somebody" piano-voix. Dans leurs albums toujours sur-produits, il y a toujours en plein milieu 2 petits ovnis, acoustiques, dépouillés. On retrouve cela aussi chez U2.

Il n'y a pas d'intérêt à écouter onze fois le même morceau. Il faut surprendre l'auditeur. Dans notre album il y a "Joy" qui est un peu déjanté, un peu rock avec un gros break qui ralentit tout avec du piano et des chœurs et puis qui repart. C'est représentatif de ce que l'on veut faire et de ce que l'on aime aussi en tant qu'auditeur.

Vous restez donc très fan de musique ?

Nicholas : Oui. Je fais criser ma femme parce que j'ai 2 000 Cd à la maison. J'écoute du matin au soir. Le batteur est très latinos, il a joué avec la Mano Negra, il fait des percus, il joue avec P 18. Nikos aussi est fan de musique. Nous ne concevons pas la vie sans musique.

Comment se passe l'écriture des morceaux?

Nicholas : Généralement j'écris tout sauf sur cet album où ma femme qui a du talent pour écrire à partir de certaines de mes idées comme pour "Above the sky". Nous avons co-écrit Travelling Man. Mais elle a écrit aussi des morceaux seule comme "Waiting for you". Sur les deux albums nous travaillions en groupe et j'écrivais seul. Sur celui-ci que j'ai commencé seul, j'ai eu envie de m'ouvrir aux autres. Sebastien de Hydargos a participé à l'écriture, il a fait les guitares de "Resign". Ma femme a écrit certains textes. Stone Cold s'est investi dans la production et a écrit le morceau instrumental du milieu. Cet album est riche de plusieurs univers.

Waiting for words d'ici un an, ce sera quoi dans votre idéal ?

Nicholas : Je voudrais que le groupe soit signé sur un label ou une major, même si humainement je préférerais que ce soit un indépendant. Et puis vivre de la musique. En tous cas, avoir la chance de toucher le public. Et que si on se plante c'est parce que le public n'a pas aimé. Mais que nous n'ayons ni regret ni remords à cause du système.

Si vous ne disposiez que de 3 mots pour qualifier votre musique, quel serait votre choix?

Nicholas : Fragile, sincère et travaillée

 

 

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