Deux silhouettes aux cheveux longs, des ombres de Patti Smith et de Robert Mappelthorpe. Voilà Eleanore Everdell au chant et aux claviers et Jason Friedman aux guitare et basse. Le groupe The hundred in the hands n'a bien sûr rien à voir avec les enfants se promenant à Coney Island (précipitez-vous sur le livre Just Kids), parés de leurs beaux vêtements, comédiens de leur vie, enchanteurs de leur ventre creux et de leurs esprits enfiévrés. Robert était en plus méchamment beau. Vous connaissez la photo de Louise Bourgeois où elle pose l'oeil pétillant avec fillette ? Plus j'y pense plus, je me dis que nous vivons une toute autre époque, une bien vilaine époque.
The Hundred in the Hands sort un disque tout ce qu'il y a de gentil. C'est frais, ça ne se retient pas, ça ne gifle pas comme un courant d'air, c'est joliment façonnée. Si on parle des influences, on peut mélanger et diluer un peu du son des années 80, du trip hop, du lounge. Un murmure qui conduit au frigo et les laits fraise. Quand on préférerait une bonne petite vodka !
Est-ce que je ne fais pas ma blasée ? Même pas. Je commence juste à dater un peu, dans mes références. Alors à l'instar de tous ces trentenaires limite quadragénaires, j'ai migré à Saint-Malo l'année passée. J'ai acheté un pull au magasin Aigle, dès que je suis sortie du train. Jamais vu un quinze août aussi pourri. Je me sentais en harmonie avec ce temps des mauvais jours. Toutes les minettes auront rapporté leurs bottes en souvenir du festival rain 'n' roll. Je me rappelle Martina Topley Bird, The Foals et eux, les "hundred in the hands". Il fallait leur reconnaître qu'ils sortaient du lot, et nous pas trop de nos abris. Ils étaient toniques et enlevés. Et puis le disque est arrivé en septembre, je l'écoute de temps à autre, quand j'ai rien à penser. Il me renvoie de moins en moins à Saint-Malo.
D'ailleurs, je suis bien curieuse de la programmation de cet été. C'est marrant Saint-Malo, c'est un peu une communauté de voisins, de gens qui n'ont pas eu autre chose à faire un 15 août, la décroissance à la Florent Marchet. Pas de vacances d'hiver à Courchevel, ni d'été à Saint-Tropez, mais un festival le 15 août de Rock à Saint-Malo. Enfin moi c'est mon cas, du genre à "parler à mon sac à dos". Je ne crois pas que ce soit une dépression, peut-être plutôt un début de déception qui m'élance. Il faut que je respire, et ça c'est rien de le dire. Au fait Mickey, bientôt HD ? |