Repéré et annoncé depuis des mois déjà comme le renouveau d'une scène noisy pop qui en aurait bien besoin, déçue même, ou en tout cas laissée tiède par la reformation de sa plus grande figure historique (My Bloody Valentine), The pains of being pure at heart a su justifier sur scène les espérances placées en lui, notamment par les Inrocks.
Après les excellents Joy Formidable, accompagnés des Dodoz et des jeunes Divine Paiste un jeudi plus tôt, c'est en effet la formation de Brooklyn qui était à l'honneur de la soirée Indie Club du 21 février à l'Aéronef de Lille. Elle venait y préparer la sortie de son deuxième album, Belong, attendu pour 2011 – et dont on sait déjà qu'il s'ornera d'une fort jolie pochette.
Pour le reste, on ne peut que supposer que les compositions seront à l'allant de ce que l'on a entendu sur scène : une noisy-pop finalement surtout pop, qui n'atteint le mur du son que pour l'orner de tendres graffitis amoureux, suicidaire comme une adolescente sans soucis, glamoureuse, un rien naïve. "Les affres d'un cœur pur", on avait été prévenu.
On songe souvent aux Cure, pas tant pour le chant de Kip Berman (quoique), que pour le duo basse-claviers de Peggy Wang et Alex Naidus. Rien de détestable là-dedans, évidemment. On aime, aussi, le côté direct des compositions, l'absence de fioritures, introductives ou conclusives. C'est souvent tranché, voire abrupte. Les petites maladresses juvéniles du cœur pur, certainement. En cela, The pains of being pure at heart s'inscrit, surtout, dans le prolongement de My Bloody Valentine, ce que l'on ne saurait lui reprocher.
Le public ravi ce soir-là, manifestement d'avance conquis, n'aura pas même songé à reprocher au groupe l'absence d'un titre emblématique – un hymne plutôt qu'un tube, comme le cri de ralliement que chaque groupe se doit de posséder. Il n'y aurait qu'un chroniquer aigri pour y songer. À moins que, dans le recueillement poli d'un aéroclub sage comme une salle lilloise, ce titre soit passé inaperçu au milieu des autres ?
Du Quartet Tu Fawning qui s'est vu confié la mission d'ouvrir a soirée, on sait peu de chose : venu de Portland, il est composé de deux hommes et deux femmes. Au vu d'une prestation scénique très convaincante, on peut en revanche assurer qu'ils jouent un rock fou, champêtre, aérien, décalé, inventif, dans la lignée d'un Tuung ou d'un Mum nouvelle façon, peut-être.
On flirte là avec les clichés un peu hippies du musicien pieds nus jouant de la guitare acoustique en souriant ; de la clavieriste un peu pompette, chemise à franges et frange démise – pourtant on n'y est pas tout à fait, Tu Fawning, c'est un peu plus sérieux que ça. On y croise la folie d'un Robocop Kraus, l'urgence punkoïde en moins ; on y retrouve quelque chose de la tension d'un Portishead live, une froideur machinique en moins.
Certains dans le public n'avaient fait le déplacement que pour cette première partie qui est en passe de devenir grande – un concert aura suffi à comprendre pourquoi. |