La Suisse est un joli petit pays calme et tranquille. Mais sous la surface lisse se cachent quelques agitateurs, capables de semer le trouble. De la déferlante des Young Gods au gros grain de Hell's Kitchen, de la brise glaciale de Jean Bart aux vents tournants de Hopen et maintenant, pour ce qui est du sujet de cette chronique, 17f.
Comme ses compatriotes sus-cités, chacun dans leur style, 17f propose une musique atypique et à défaut d'être toujours parfaite, elle ouvre des pistes, des sentiers pas du tout battus tout en reprenant certains codes bien connus de nous tous.
Surpris mais pas dépaysé donc sur Tree of them. Passons rapidement sur les présentations d'usage. Le garçon est suisse, autodidacte autant que touche-à-tout.
Le résultat est le parfait reflet de cela. Eclectique, chaque morceau ressemble à une expérience de laboratoire. Minimaliste car écrit et joué pour une grosse partie seul, si ce n'est quelques invités notamment parmi la scène suisse mais aussi Kudsi Ergüner, croisé avec quelques prestigieux bidouilleurs sonores au rang desquels Peter Gabriel.
D'ailleurs, on retrouvera l'influence de Gabriel dans la musique de 17f à plusieurs reprises, notamment sur le monumental "Aiga", sorte de péplum sonore à la fois minimaliste et foisonnant.
Quelques sonorités jazz, prog, voire post-rock marquent également en pointillés les morceaux, alternant entre des ambiances à la Archive comme sur "For a while", ou des choses plus expérimentales peut-être moins accrocheuses, comme le jazz de "Le Nain" qui a du mal à s'envoler et à s'affranchir des clichés du genre comme cette ligne de basse trop entendue.
Mais ce n'est qu'un détail vite oublié au regard de la globalité de l'album, bande son de vos jours de pluie et de doute. Certes, la pluie ne cessera pas de tomber pour autant, pas plus que vous trouverez la réponse à vos grandes questions, mais tout cela paraitra beaucoup plus majestueux avec cette bande son. |