Comédie de Marivaux, mise en scène de Anne-Marie Lazarini, avec Jacques Bondoux, Cédric Colas, Frédérique Lazarini, Isabelle Mentré, Julie Pouillon, Dimitri Radochévitch et Arnaud Simon.
Pièce moins jouée que d'autres, "Les Serments indiscrets" représentent une place à part dans l'univers de Marivaux.
Les Athévains montent cette nouvelle version, en costumes "Directoire", dans un décor minéral, avec une musique romantique dans la tonalité.
Les amours de Damis et Lucile, cette dernière voulant être sûre d'être vraiment aimée, au sein d'une famille inquiète et de domestiques zélés, possèdent ce charme et ce raffinement très Ancien régime, tout en annonçant le goût très romantique du tourment.
La mise en scène élégante d'Anne-Marie Lazarini - on songe à un opéra parlé - rassemble des comédiens inspirés et habités : Isabelle Mentré, au phrasé qui rappelle parfois l'Arletty en Garance, compose un personnage de soeur émouvant et subtil. Arnaud Simon, chevalier tout en longueur, visage blême à la Werther, incarne un Damis dans le trouble d'aimer une créature insaisissable qui promet tous malheurs à venir.
Les domestiques, exquise Frédérique Lazarini, soubrette piquante, image du peuple qui cultive la joie de vivre pour survivre, et Cédric Colas, valet insolent et roué, séduisant contempteur de ses maîtres, occupent une place éminente dans l'échiquier du jeu. Mention particulière à Dimitri Radochévitch et Jacques Bondoux, pères de comédie justes et aveugles comme il se doit.
Dommage que Julie Pouillon, froide Lucille, aborde son personnage avec une dureté d'ombrageuse et des suraigus glapissants, qui la transforment en hystérique et rendent très improbable - sauf amour du fouet vocal - la passion de Damis.
Spectacle de belle tenue, ces "Serments" tiennent leur promesse.