"De ma douce Arménie, j'aime la parole à saveur de soleil,
De notre lyre aux sons de deuil, j'aime la corde aux sanglots,
L'étincelant parfum de nos roses, — pareilles au soleil,
Et des filles de Naïri, j'aime la danse pudique et gracieuse".
Yéghiché Tchar ents, Éloge de l'Arménie.
Intime, parce que replongeant dans ses racines, et poétique, le nouveau disque du contrebassiste Claude Tchamitchian est un voyage, une échappée, une plongée. Avec Catherine Delaunay à la clarinette et Pierrick Hardy à la guitare il propose, sans être à proprement parler figuratif, une cheminée, des histoires, sous la forme de suites, dans cette Arménie antique (Naïri).
Ensemble, ils créent des espaces où chaque note pourrait être comme une âme, chaque mélodie un chant, une ouverture vers des paysages. Arbre de vie planté sur les cimes du mont Ararat, nourri par les eaux de l’Euphrate et du Tigre où la contrebasse serait les racines (forcément), la guitare le tronc (c’est souvent par lui que circule la sève) et la clarinettes (aux multiples couleurs et nuances) les branches.
Et l’ensemble comme cet arbre ne font qu’un, les lignes mélodiques, rythmiques et harmoniques (ou modales) se partagent, se combinent, se mélangent. Et puis on retrouve comme toujours chez ces musiciens, ce soin apporté d’un côté aux compositions et à la narration mais également au son, aux timbres, à la musicalité (de la nostalgie notamment), aux énergies. Superbe et envoûtant.