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ll faut bien le dire, pour les amateurs de rock indépendant que nous sommes, la programmation des Vieilles Charrues 2024, 32ème édition de la grande kermesse du Centre Bretagne, n'avait pas le panache de certaines éditions précédentes. Pas de Neil Young ni de Cure, pas de Lana Del Rey ni de Pixies. La dernière annonce de début d'année était simplement David Guetta dont le nom sur l'affiche n'a pas suffi pour remplir le premier jeudi un peu plus vide que d'habitude.
Pas de grand rendez-vous donc, mais comme les programmateurs sont habiles et très généreux avec plus de 80 artistes sur les 4 jours de festival, il n'a pas été difficile de trouver des pépites moins connues et de profiter de ces 4 jours hors du temps, avec quelques gouttes de pluie, pas mal de soleil supportable et, finalement, beaucoup de bonne musique live.
Après une ouverture de festival par le désormais célèbre et formidable Yamê, la première pépite arrive rapidement sous le petit mais chaleureux chapiteau Gwernig avec Baby Volcano, la suissesse-guatémaltèque déjà croisée aux Transmusicales de Rennes et qui confirme son statut de performeuse, naviguant sur la petite scène, haranguant le public tantôt en espagnol ou en français avec une énergie rare.
Suivront Meule, trio électro rock, déjà vu et apprécié, et Alias, rock à guitare avec chanteur habité que l'on aura hâte de recroiser en live ou sur disque. Tandis que la seule grosse averse du week-end tombe sur la plaine, il fait bon se réchauffer sous ce formidable chapiteau.
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Dans la soirée, en attendant l'ambiance boite de nuit disco un peu datée de Ceronne, il était de nouveau préférable de rejoindre la troisième scène, Graal, pour voir le spectacle de la journée avec le DJ belge Apashe dans une formation très originale avec orchestre de cuivre pour un mélange détonnant et absolument grandiose de samples, musique live, et projection dans une ambiance électro. L'ensemble formant un cocktail détonnant qui restera certainement pour les spectateurs ayant boudé Sam Smith comme le grand spectacle de ce jeudi.
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Grand moment ce vendredi avec l'une des deux sélectionnés Label Charrues 2024, suivie par le festival, la rennaise Mathilde Lejas alias Championne qui, pendant que Hoshi anime la scène principale au loin, va bouleverser cet espace avec un concert exceptionnel, assistée de ses quatre musiciens puis des deux membres de Gwendoline associés à l'origine du projet. Textes acides parfois un peu dépressifs mais tellement intéressants soutenus par une musique toujours plus percutante sur disque ou, mieux encore, en live.
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Suivront PJ Harvey et Sting sur la grande scène, la première en grande dame du rock, tantôt aérienne et lyrique dans sa robe blanche, tantôt vindicative armée de sa Fender Jaguar, le second dans un show classique mais où chaque titre est un tube parfois revisité mais avec une voix qui ne bouge pas malgré les 72 ans de la star britannique.
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Au même moment sous le chapiteau avait lieu, devant une audience plus réduite mais aussi intéressée, la rencontre entre le guitariste de génie Rodolphe Burger avec les musiciens algériens Sofiane Saidi et Mehdi Haddab dans le cadre de l'album Mademoiselle. En live, c'est un plaisir auditif rare d'assister à ces discussions entre les arpèges de guitares et les envolées de l'oud sur des titres originaux ou remaniés puisés dans le répertoire du chanteur et interprétés à plusieurs voix et plusieurs langues. Un des grands moments du festival pour cette journée quasi parfaite qui s'achèvera avec le terrible Yungblud qui retournera la grande scène à grand renfort de titres explosifs.
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Le samedi, moins riche en têtes d'affiche, mettra toutefois en avant les femmes avec, après l'ouverture d'Olivia Ruiz pour un concert traduit en direct en langage des signes, les Dakh Daughters, collectif d'Ukrainiennes engagées mélangeant projections vidéos, instruments traditionnels et modernes pour un moment assurément original et émouvant.
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Collectif de femmes également, quelques heures plus tard sur la scène Graal, avec les incroyables Vulves Assassines très attendues sur le festival. Après quelques minutes de balance qui annoncent le ton, elles s'engagent sur scène, scandent leurs tubes féministes, révolutionnaires et mettent le feu dans le public. Sur des sons électro avec une guitare distordue tonitruante, elles vont dans le public, distribuent des ballons à l'effigie d'un Macron diabolique et embarquent tout sur leur passage. Le retour du punk mis au goût du jour mais toujours aussi percutant.
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Le dimanche arrive et chaque festivalier s'étonne du temps qui passe si vite, à naviguer entre les scènes, à savourer autant de concerts et de musiques différentes. C'est déjà le dernier jour et, tandis que les Simples Minds proposent un concert enjoué rempli de tubes mythiques des années 90, quelques mélomanes se retrouvent sous le chapiteau où avait lieu la veille le traditionnel Festnoz du samedi. Le groupe sur scène s'appelle La Tène et ce collectif franco-suisse, adepte de boucles répétitives, de recherches sonores, nous fait penser à une traduction helvète de Godspeed You! Black Emperor armés d'instruments traditionnels. Harmonium, cabrettes, guitare 12 cordes et ensemble rythmique nous embarquent dans un bourdonnement hypnotique vers des explosions attendues et libératrices.
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Après cette épreuve riche en plaisir, place au dandy britannique, Baxter Dury dont on ne se lasse pas des mélodies parfois chantées parfois scandées et toujours délicatement mêlées à une voix féminine. Le personnage sur scène en fait des tonnes, il pose devant les photographes et le public, rameute la foule, s'habille, se déshabille et déroule les multiples facettes de son répertoire devant le soleil couchant de cette fin de festival.
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Et tandis que les très rares Kings of Leon se produisent dans un show à l'américaine sur la grande scène, on retourne sous le chapiteau pour profiter de Liraz, dans une ambiance persane et colorée, pour voyager dans l'univers musical original et vibrant de cette chanteuse, actrice et danseuse irano-israélienne.
Un dernier moment de grâce avant de clore cette 32ème édition du plus grand festival français qui continue année après année à proposer à son public à la fois des têtes d'affiches commerciales et des découvertes musicales inattendues. Et c'est bien pour cela que l'on continue à aimer et fréquenter cette grande kermesse d'été avec toujours autant de plaisir. |