August Sander s’invite à Nice. Le photographe allemand, connu et reconnu par et pour son œuvre, est à (re) découvrir, une fois encore (on ne reste jamais assez longtemps devant une œuvre aussi maitrisée) et ce n’est que justice artistique.
Photographe du XXème siècle, August Sander a su, grâce à son particularisme, signer une œuvre unique qui se révèle, dans sa nature photographique, comme un ensemble documentaire.
Il faut voir les 120 œuvres présentées, dont une bonne partie des tirages ont été réalisés par le photographe, lui-même. Une autre l'a été par son fils Gunther, qui a pu sauvegarder quelque dix mille négatifs offrant, on l’imagine aisément, un panorama sinon complet, du moins incontournable du travail du grand photographe allemand.
Gerd Sandar, petit fils d’August, la Galerie Priska Pasquier de Cologne et le Théâtre de la Photographie et de l’Image de Nice, nous proposent une exposition organisée selon trois grands thèmes chers au photographe : portraits, paysages et architectures qui résument, me semble-t-il parfaitement les intentions d’August Sander : "Laissez-moi donc dire honorablement la vérité sur notre temps et ses êtres humains"…
C’est ainsi que respire l’exposition.
Le hasard fait croiser au jeune August, alors manœuvre, un photographe professionnel qui décidera de son orientation. Orientation qui le conduira quelques années plus tard, après son service militaire, à ouvrir son propre studio. Il le maintiendra tout en devant faire face à l’adversité nazie, et alors que son fils sera fait prisonnier et mourra en prison.
La condition humaine est sa signature, une encyclopédie qui prendra le nom "D’Hommes du XXe siècle". Malgré la destruction par les nazis des clichés de son livre et la mise à l’index de son travail, rien n’entachera la détermination d’August Sander dans son œuvre. Et même si, après la guerre (1946), vingt mille de ses négatifs partent en fumée sous ses yeux.
Aussi étrange que cela paraisse, si son travail est montré en 1951 à la Photokina de Cologne et lui vaut une certaine reconnaissance, il faudra attendre 1969 pour qu’il soit définitivement reconnu au MoMa de New York et salué comme il se doit. C'est-à-dire comme un photographe de la condition humaine.
Cinq ans après sa mort.
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