Il fait un temps radieux sur Bénodet pour mon troisième rendez-vous avec Raphaël sur la tournée de la réalité, après l'Espace Vauban à Brest et La Cité à Rennes.

Du soleil, un ciel bleu qui fait ressembler Bénodet à une carte postale et en arrière-plan un petit vent d'est insidieux qui rafraichit l'air ambiant.

Ce soir le concert est en plein air et gratuit, le public est familial, pour un peu on se croirait le 14 juillet avec les marchands de frites et la buvette.

Après une (longue) première partie - dont le nom même m'aura échappé - Raphaël et sa "petite bande de frères" investit la scène et débute le set sur "la mémoire des jours".

Comme toujours Raphaël alterne des titres de son nouvel album (la réalité) avec son premier album (hôtel de l'univers) et parfois une ou deux reprises, dont le titre de Lou Reed "new york conversation" qu'il affectionne particulièrement ainsi - et c'est inédit - qu'une version soft du "passenger" d'Iggy Pop. Du clochard céleste cher au coeur de Kerouac (un breton célèbre à qui Raphaël aime rendre hommage chaque fois que sa route croise la terre de Bretagne) à l'insaisissable iguane figure culte du rock il n'y a qu'un pas.

Du côté de l'image, je retrouve dans mon viseur le Raphaël que je connais bien, ses mimiques, son attitude - cette façon particulière qu'il a d'occuper l'espace m'impressionne toujours autant - et son sourire, bien sûr, un brin plus tendu ce soir, le rythme de la tournée n'y est sans doute pas pour rien.

En rappel, Raphaël nous sert un inédit et puis "des mots" qui demeure un des plus beaux titres de son nouvel album. Enfin, Raphaël tire sa révérence avec "la teigne" de Renaud. Les guitares sont rangées dans les flight cases, les lumières s'éteignent, l'ombre de Raphaël disparaît dans la nuit. Le passager n'est déjà plus qu'un souvenir, "je suis un passager et je roule, je roule, à travers les bas fonds, je vois les étoiles dans le ciel..."