Comédie dramatique de Vanessa Mikowski et Natacha Achor, mise en scène de Vanessa Mikowski, avec Emilie Glemet et Aurélia Crebessegues.
Victoire est seule chez elle, assise par terre. A ses pieds, elle porte des chaussons qui représentent des petites souris grises. D'ailleurs chez elle, presque tout est gris, les boîtes dans lesquelles ses affaires sont rangées, son mobilier... même son tailleur est gris. Tout est très propre aussi, et très ordonné. Victoire vit seule, elle est en froid avec sa cousine, sa seule famille qui vit à Paris, et ne communique guère avec des parents restés en province.
Un soir, on sonne à la porte. Sa nouvelle voisine Amanda demande à lui emprunter un tire-bouchon. Elle revient peu de temps après, prétextant ne pas pouvoir rentrer chez elle à cause son ancien ami qui la harcèle, et s'invite à entrer. Elle finit par s'installer dans le petit studio et bouscule le petit univers trop bien rangé de Victoire
La mise en scène de Vanessa Mikowski est sans fioritures mais efficace. A travers les déplacements des deux actrices, malgré un espace réduit, la manière dont elles occupent la scène et leur gestuelle, la tension monte peu à peu et le spectateur reste en alerte.
Dans le rôle de Victoire, Emilie Glemet incarne avec finesse une maniaco-dépressive. Ses gestes sont mesurés, puis dans les phases hautes, elle s'anime, prête à exploser de joie ou de colère. Elle apporte une belle tension à l'atmosphère générale de la pièce.
Quant à Aurélia Crebessegues, c'est d'abord son énergie dans l'interprétation d'Amanda, la mythomane, qu'il faut retenir. Cependant, lorsque son personnage invente des histoires et des raisons à sa présence dans l'appartement, elle parvient à instiller une bonne dose de mystère, en jouant du souffle et des modulation de la voix.
Alors que la solitude vient d'être reconnue comme grande cause nationale, "Le truc" de Vanessa Mikowski et Natacha Achor aborde des thématiques actuelles, l'isolement, la dépression ou le chômage. Force est de constater que l'absurde est bien présent dans la vie, et pas si théâtralisé qu'on l'imagine. Si les situations et les conversations entre les deux personnages confinent parfois à l'absurde, la trame de la pièce et les rebondissements demeurent néanmoins relativement convenus.
Le rythme de la pièce évolue essentiellement en fonction des humeurs de Victoire. Soutenu dans les phases maniaques, le ton devient plus intime lorsqu'elle traverse des périodes de dépression. Ce huis-clos, loin de provoquer le malaise, se révèle bien au contraire insolite et amusant, voire franchement drôle lorsque Victoire se débarrasse par téléphone d'un éventuel employeur.
Ainsi, entrer dans l'intimité de Victoire et Amanda, incarnées par deux jeunes actrices talentueuses et dynamiques, déceler leurs failles et percer leur intimité s'avère un réjouissant moment de théâtre. |