Le catalogue de l'exposition "Odilon Redon, Prince du Rêve", publié par les Editions de la Réunion des Musées Nationaux, et de composition bipartite classique essais-catalogue, s'avère bien évidemment un ouvrage de référence.
D'une part, parce que chacune des oeuvres exposées, constituant un corpus important comportant la quasi intégralité des albums de lithographies, les fameux "Noirs", fait l'objet d'un commentaire extrêmement détaillé.
Par ailleurs, comme le rappelle
Dario Gamboni, professeur d'histoire de l'art à l'Université de Genève, dans son article intitulé
"Une petite porte ouverte sur le mystère" qui fait le point sur les recherches sur l'oeuvre de Redon, celles-ci, liées à la redécouverte du symbolisme dans les années 60, sont encore balbutiantes et surtout sectorisées à l'instar de celles qui ont été menées sur la thématique onirique de ses débuts et sa "réinvention" comme coloriste par les "psys" de tous bords interpellés par l'insistance de ses textes autobiographiques sur les liens entre l'art et la vie.
Rodolphe Rapetti, conservateur général du Patrimoine, chercheur associé à l’Institut national d’histoire de l’art et co-commissaire de l'exposition, présente l'évolution stylistique de l'artiste en esquissant les pistes de réflexion à partir de différents corpus thématiques que sont les textes littéraires comme stimulant à l'imaginaire, la récurrence de certains thèmes plastiques comme le soleil noir, les thématiques ésotériques voire occultistes et les figures cosmiques dans lesquelels se croisent symbolisme alchimique et visions eschatologiques.
Marie-Pierre Salé, conservateur en chef au Musée d’Orsay et co-commissaire de l'exposition, dresse le panorama des collectionneurs contemporains de l'artiste qui en raison de sa singularité avait séduit quelques uns détenteur de grandes collections puis avait, avec sa métamorphose en 1900 qui conduit à la création d'oeuvres plus adaptées à la décoration des intérieurs luxueux de la haute bourgeoisie et de l'aristocratie fortunée du 20ème siècle, intéressé les collectionneurs d'art moderne.
Fred Leeman, historien d'art, se penche sur l'oeuvre décorative de Redon en analysant comment ce dernier pallie ses carences picturales par le recours à l'esthétique symboliste qui repose sur la suggestion plutôt que sur la clarté, et
Rodolphe Rapetti
présente une analyse du décor de l'abbaye de Fontfroide.
Enfin,
Guy Cogeval, président des musées d'Orsay et de l'Orangerie se penche avec "Vuillard versus Redon. Fleurs de rêve et rêve de fleurs" sur la fascination réciproque de Redon et Vuillard aux fleurs métamorphiques du premier correspondant l'esthétique de l'immersion du second. |