Je ne comprendrais jamais ce qu'ont les chanteurs (ou chanteuses) folk avec Jésus. Peut-être parce que j'ai été élevé dans l'idée que la religion catholique n'était qu'un ramassis d'histoires bizarres et improbables impliquant un mec qui marchait sur l'eau et que tous les trucs interdits par cette même religion étaient les trucs les plus rigolos à faire. Je me rends très bien compte que résumer mon éducation de manière aussi sommaire fait passer mes parents pour des anticléricaux féroces mais ce n'est pas vraiment le cas. Ou alors le message était implicite, sauf que depuis tout petit je sais lire entre les lignes.
Alela Diane n'a visiblement pas été élevée comme moi puisque son dernier album commence en parlant du diable qui fait faire des choses pas cool aux êtres humains. Rien de surprenant en soit puisque ses deux albums précédents évoquaient au travers de leurs textes le barbu le plus célèbre du monde, devant Chuck Norris et Oussama Ben Laden, ainsi que sa némésis chère aux amateurs de death metal. Ce qui est surprenant, en revanche, c'est l'instrumentation. Le morceau pose en effet la notion de "groove" à base de batterie et clavier dont la discographie d'Alela Diane n'est pas coutumière. Et il faut reconnaître qu'elle s'en tire globalement bien malgré quelques chœurs dispensables et quelques longueurs instrumentales. Ce que l'on ne sait pas est que ce morceau est une sorte de feinte. Puisque le morceau suivant revient au style habituel de la demoiselle. Sauf qu'il manque ici d'inspiration et d'écriture.
Je m'interroge sur la possibilité d'un rapprochement entre l'évolution des coupes de cheveux de l'artiste (tout d'abord hippie crado, puis Playmobil lesbienne pour arriver à un carré très classique) et ses différents albums. Et cela semble fonctionner pour le premier et le dernier album. De The Pirate Gospel se dégageait quelque chose d'honnête, de simple et de finalement touchant. Le dernier album sent l'embourgeoisement, la possibilité de multiplier les pistes et les instruments, d'inviter plein de monde pour faire des solos ("Long Way Down" aurait pu être une bonne chanson sans son solo immonde) et d'arriver en studio sans avoir de chansons complètements terminées. C'est cela que le carré et le rouge à lèvres d'Alela Diane veulent dire.
Et tout cela se ressent dans l'album dont beaucoup de titres sont finalement inutiles ("Elijah", "The Wind", "White Horse"). Trois titres semblent surnager : "Suzanne" (qui n'est pas une reprise d'une chanson chiante de Leonard Cohen), "Desire" et "Untitled". Ce qui signifie que l'album est chiant à environ 72,7272% (ou bien à environ 27,2727 % tout dépend de la manière dont on choisit de voir les choses). La voix reste superbe (et rappelle toujours un mélange entre Joan Baez et Linda Perhacs sans le côté bêlant de Baez) mais trop peu employée dans ce qu'elle peut avoir de plus touchant et tourne presque à la démonstration technique par moments. N'achetez pas ce disque, avec moins de budget le suivant sera sûrement meilleur. |