Réalisé par Amor Hakkar. France. Drame. Durée : 1h20. (Sortie le 27 avril 2011). Avec Marina Vlady, Amor Hakkar et Samir Guesmi.
Avec "Quelques jours de répit", Amor Hakkar s’est aventuré dans une voie difficile : celle d’un cinéma qui veut montrer sans démontrer, qui n’en dira jamais plus sur l’écran qu’en contient le résumé de son synopsis.
On est ici dans ce qu’on appelait jadis une "atmosphère", un air du temps. En pleine Franche-Comté, à Besançon, là où est né Victor Hugo, se joue un moultième épisode de la tragédie banale de la misère humaine, une pièce interprétée par des gens qui pourraient vivre en paix sans les "si" de l’injustice et de l’indifférence.
Entre Marina Vlady, vieille dame digne sur son vélomoteur, et Amor Hakkar, l’intellectuel homosexuel en rupture de l’Iran des mollahs et sans papiers, il pourrait simplement y avoir la douceur d’un regard et la grâce d’un frôlement d’épiderme. Mais les circonstances et les politiques du moment en ont décidé autrement.
Dans le peu qu’il dit, le film fait naître une vraie émotion. Repeindre une pièce ou fumer une cigarette, c’est gagner juste un peu de temps, un peu de ce répit qui n’évitera pas le tragique.
Au-delà de son scénario, parfaitement adapté pour le festival de Sundance, Amor Hakkar a eu l’extrême bonne idée de filmer Marina Vlady. Pour ceux qui ne le savent pas et ceux qui l’ont oublié, Marina Vlady est une actrice radieuse, solaire comme la Russe qu’elle n’a jamais cessé d’être. Elle a été l’anti BB, l’anti glamour, même si elle incarnait bien mieux les amoureuses que ses rivales sexys. La revoir dans un véritable rôle à sa mesure, avec le même visage qu’au temps de sa splendeur physique, rend heureux.
Regardez-là vivre le désarroi d’une femme que l’on prive de son dernier possible amour ! La formule n’est pas jolie, mais elle vaut le détour dans les quelques salles qui projetteront cette œuvre fragile.
En inscrivant ce film dans sa longue filmographie, celle qui fut l’altière Princesse de Clèves, travailla avec Godard, Welles, Ferrerin Scola, sans oublier Hossein et Cayatte, continue son combat humaniste.
Faisant fi des cinéastes majoritaires, qui aiment tant signer des pétitions pour des gens qu’ils ne filment que du bout de leur objectif, elle prouve une nouvelle fois avec "Quelques jours de répit" qu’elle n’abdiquera jamais. Toujours aux côtés des exclus. Toujours aux côtés des malheureux avec ou sans papiers.
Merci, Marina, d’être une femme aussi exceptionnelle. |