Tragédie de Hélène Cixous, mise en scène de Daniel Mesguich, avec Moustapha Benaïbout,
Pauline Bolcatto,
Hélène Bressiant,
Julien Campani,
Louise Coldefy,
Johann Cuny,
Ina Dobreva,
Marion Durand,
Sterenn Guirriec,
Lazare Herson-Macarel,
Karim Khali,
Clara Noël,
Loïc Renard,
Jenna Thiam, Pierre Yvon et
Damien Zanoly.
Daniel Mesguich, comédien, metteur en scène, directeur du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique et qui y enseigne également comme professeur d'interprétation, a fait travailler des élèves de première et de deuxième année sur "La fiancée aux yeux bandés".
Ecrit spécialement à cette intention, ce texte de Hélène Cixous, sous influence de la déconstruction derridéenne et de jeux de miroir pirandélliens, opère, par le procédé de la revisitation des mythes et le registre de la psychocritique, à une réécriture de la tragédie d'Hamlet.
Et ce par une myriade de tableaux représentant des scènes puisant dans tous les registres théâtraux qui constituent autant de propices jeux de scène pour les élèves-comédiens que de moments de virtuosité pour le metteur en scène flamboyant qu'est Daniel Mesguich et une langue exploratoire avec une syntaxe dont ce dernier dit qu'il est "un abîme de plaisir pour les élèves". Et, au terme de ce spectacle fleuve de trois heures, bien malin qui en aura déchiffré toutes les subtilités.
En présence son créateur Shakespeare, devenu auteur-cinéaste, le mélancolique Hamlet, rebaptisé non impunément Amelait, se débat entre l'identification à la figure idéalisée d'un père disparu, un complexe d'Oedipe irrésolu pour une jeune mère aussi dévorante que distante et un amour en montagnes russes pour une jeune fille affublée du prénom de Réguine, aussi laid que celui de l'héroïne du Soulier de Satin de Claudel, qui n'a pas froid aux yeux.
Dans ce spectacle foisonnant et pétillant, théâtre dans le théâtre, résultat d'un travail millimétré et techniquement impeccable comme toujours s'agissant des représentations publiques du CNSAD, la jeunesse et l'enthousiasme des officiants sont bienvenus et revigorants.
La délicate Louise Coldefy montre un beau potentiel tragique, Pierre Yvon est excellent dans le rôle de la mère juive, Damien Zanoly et Lazare Herson-Macarel, respectivement le frère guerrier de Réguine et Shakespeare, cultivent l'art de l'inflexion et de la réaccentuation, Clara Noël est sémillante dans le rôle de la lettre et Julien Campani, qui bénéficie d'une belle harmonie du physique et du timbre de voix est un spectre impressionnant.
Dans les rôles principaux Johann Cuny et Sterenn Guirriec. Daniel Mesguich les compare déjà à Jeanne Moreau et Gérard Philippe. Que dire après cela ? Johann Cuny a un physique de jeune premier et Sterenn Guirriec manifeste déjà l'assurance de l'actrice consciente de son charme.
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