Alternative & Punk. C'est le genre musical dans lequel le logiciel qui gère ma bibliothèque musicale a spontanément classé C'mon, le nouvel album de Low. Comment sont-ils donc, les punks aujourd'hui ?
De Low, j'avais surtout gardé en tête l'incroyable "Do you know how to waltz" (par moi proclamée meilleure chanson d'enterrement de tous les temps et réclamée pour le mien propre – ceux qui m'aiment prendront le temps), et une reprise opiacée du "Transmission" de Joy Division (à écouter sur la plus solitaire route d'un plateau de Haute-Loire, par un jour d'hiver étouffé d'une abondante chute de neige, juste avant un tête à queue au ralenti) – autant dire : des souvenirs de l'époque héroïque, avec lesquels la beauté élaborée, raffinée, pop-virtuose, de ce C'mon tranche grandement.
Pour son neuvième album, le trio de Duluth (Minnesota, U.S.A) est retourné s'enfermer dans le studio du cœur sacré (Sacred Heart Studio, si si), où avait déjà été enregistré Trust (2002), a invité des amis à ajouter des sonorités de violon, de banjo, de guitare et a retrouvé les chemins d'une beauté éthérée.
A l'origine, Low est un groupe de slow core, on aurait tendance à l'oublier. Et si les deux premiers albums parus chez Sub Pop (The Great Destroyer en 2005 et Drums & Guns en 2007), pilotés par l'excellent David Fridman, avaient vu Low sortir un peu de son terrier, pour la plus grande désorientation des fans et des critiques, on avait surtout peur, avec l'arrivée aux manettes de Matt Beckley, mieux connu pour son travail avec Avril Lavigne, Paris Hilton, Justin Bieber et consorts, qu'il n'y ait quelque chose de pourri au royaume d'Alan Sparhawk. Que nenni.
À côté de pièces légères, pop, lumineuses, qui feront parfois songer à Cyann & Ben (sur "You see everything"), ou même, le temps d'une attaque de voix, au regretté Vic Chesnutt dans sa dernière période ("Done"), on retrouvera surtout, notamment en deuxième moitié d'album, des pistes toutes de gravité comme "$20" (dont on regrettera tout de même la fin abrupte), "Majesty/Magic", et l'étonnant "Nothing but heart" (8'20, incluant une intro digne de l'album solo de guitare abstraite d'Alan Sparhawk suivi d'un imperceptible crescendo pop qui serait comme la dilatation complexe d'un titre des Red House Painters).
Mariés, mormons, neurasthéniques, férus de beaux arrangements complexes et d'entrelacements de voix douces – ils sont toujours comme ça, les punks aujourd'hui, loin d'être vieux, usés et finis, et l'on comprend pourquoi l'album, sans avoir à proposer aucune pièce légendaire, reçoit un accueil critique unanimement positif : c'est beau, c'est parfaitement maîtrisé, c'est du grand Low tout simplement, quoique cela puisse bien n'être pas le plus grand. |