Spectacle créé par le Teatr Licedei, scénographie de Boris Petrushansky avec Alexander Gusarov, Olga Eliseeva, Marina Makhaeva, Yulia Sergeeva, Kasyan Ryvkin et Elena Sadkova.
Grand coup de cœur pour ce spectacle qui n’en manque pas !
Ca fait des années qu’ils enthousiasment toutes les scènes du monde : des Etats-Unis en Corée, en passant par Tahiti, les voici revenus au Théâtre du Rond-Point où ils avaient déjà conquis le public parisien en 2007 (après un triomphe en 2005 au Festival Off d’Avignon) : Les "Semianyki" du nom de ce spectacle fou, c’est cette famille russe aussi dingue qu’attachante.
Dès l’arrivée de la mère (irrésistible Olga Eliseeva) qui nous permet d’admirer un décor fait de bric-à-brac et de linge séchant près d’une drôle de demeure, on sait qu’on va assister à un spectacle hors-normes et on est immédiatement propulsé dans les aventures de cette tribu géniale mais déjantée.
Dans cette famille, quand on est joyeux, on danse et on se fait des blagues. Ils déclinent ainsi toute une palette de gags et nous entrainent dans un dessin-animé géant et dynamité. Il y a d’abord les quatre enfants : le fils, légèrement psychopathe qui veut scier tout ce qui bouge (Kasyan Ryvkin) ; la benjamine, bébé à qui tout le monde passe tout et qui en profite (Elena Sadkova) ; les deux autres sœurs : la souffre-douleur de la bande (Yulia Sergeeva) et son ainée pleine de malice qui n’est pas en reste pour les entourloupettes (Marina Makhaeva).
Et puis les parents : la mère enceinte, séductrice en diable et qui danse avec style dès qu’elle le peut et son mari, ivrogne qui veut quitter la maison (Alexander Gusanov). Les relations familiales sont finement observées et restituées avec une frénésie jubilatoire.
Tout ce petit monde, même s’il n’arrête pas de se faire des vacheries, s’aime au fond plus que tout et c’est la conclusion de cette histoire qui ne peut se finir que par des bisous. Dans ce manoir hanté dont ils sont peut-être eux-mêmes les fantômes, ils jouent un drame qui évoque la société russe actuelle mais s’en amusent avec beaucoup d’inventivité et le transforment en une fresque carnavalesque et lumineuse.
Effets lumineux, sonores et spéciaux sont parfaits, chorégraphies au poil : quel travail et quel plaisir du jeu chez ces artistes complets ! Qu’ils écrivent sur un tableau noir invisible, fassent jouer un orchestre virtuel (avec musiciens du public), ou jouent au hockey sur glace, on est scotchés et sous le charme de tant d’énergie et de générosité.
Et que dire du final inoubliable et ahurissant : il est à la hauteur de cette féerie dont le public est roi. Il en sort émerveillé, ravi , reconnaissant. Quelle belle fête, vraiment… |