Et, sans déconner, il m’a foutu les jetons cet album de Beardyman. Rien que la pochette : un petit gnome en pyjama, le sourire d’un type qui mange dans un fast-food (mais si, tu sais bien, ce sandwich bourratif avec une rondelle de pain-steak-fromage, oignons-cornichons-taille-concombre, ketchup-moutarde, rondelle de pain au sésame, sur place ou à emporter ?).
Un sourire extra-large qui ne laisse présager rien de bon, vu que le gnome en question est dans le noir de sa salle de bains, la seule source de lumière étant le canard WC de maman… Brrr. En lettres de sang : I done a album, métaphore de ce qu’il a fait dans la cuvette ? Beurk. Les fusées du pyjama se transforment en résidus de repas verdâtre… Beurk-bis. La lumière fait se projeter des ombres inquiétantes de peluches… Brrr-bis.
Pour la musique, il y a carrément 70 minutes de bruitages, de sons du quotidien, de voix, de cris, de pleurs, de choses qui tombent et se fracassent, des trucs qui s’entrechoquent, et des trucs qui rebondissent… Un peu comme quand tu laisses la télé allumée et que tu pars faire autre chose. Tout un tas d’émissions défilent dans ton salon, loin de ton regard, mais toujours présent aux oreilles. Quand c’est les feux de l’amour, c’est assez drôle, mais il s’agit ici plutôt de la nuit des morts vivants.
Autre scénario possible : il est tard, il fait nuit, la journée a été longue et difficile, hop là, un petit roupillon dans le canapé. Tu te mets à rêver que tu es en bonne compagnie sur cette plage en photo quatre par trois du métro, le temps est excellent, vous folâtrez gaiement dans les vagues, quand soudain, au détour d’un mouvement de genou impromptu, paf ! La télé s’allume brutalement sur le Projet Blair Witch, des cris, des tronçonneuses, des os pourris… ça fait un choc hein ? Ben moi c’est ce que m’a fait cet album.
A l’origine, j’imagine que Beardyman avait simplement envie de créer un nouveau concept d’album, genre : "il y a un monstre sous ton lit et des bruits bizarres dans les coins sombres", à partir de là, il a transformé tout ce qui lui passait sous la main en percussion, en instrument à pulser, à frapper, à rythmer, y compris les bandes-sons des chaines animalières. Chouette idée, mais je n’ai pas accroché, surtout quand les cauchemars de mon placard se sont mis à bouger en plein jour ! |