Chaque lecteur a son Livre-lumière, celui qui parle à son cœur, celui qui est fait pour lui, un genre d’alter ego au goût d’encre. Chaque livre est susceptible d’agrandir son lecteur, de le faire rire, de lui tirer des larmes, de le lasser, de lui apprendre un petit truc, une anecdote, de donner un sens à une situation incomprise (genre : mais pourquoi ? pourquoi lui ? pourquoi moi ?).
Longtemps, j’ai rêvé d’elle n’est pas mon livre-lumière. Mais il m’a appris quelque chose d’important : mon détecteur est brouillé. Je m’explique : nos âmes sont créées de flammes, notre âme-sœur est évidemment issue de la même essence qui nous permet de nous reconnaître. Oui mais, parce que s’il n’y avait pas de mais, ça ne serait pas assez difficile, je disais donc, MAIS si vous vous trompez de flamme, vous risquez de brouiller votre détecteur d’âme-sœur. Voila, détecteur HS, saperlipopette.
Thierry Cohen (puisque c’est lui l’auteur de cette terrible révélation) nous offre une jolie histoire d’amour mignonne comme tout, avec un beau célibataire pommé qui rêve de la femme de sa vie (il a de la chance lui, un missionnaire intergalactique lui a envoyé des images de la femme de sa vie, et ça l’a drôlement bien aidé quand il l’a croisé pour la première fois, même si il est un grand timide, il savait). Le deuxième personnage est une femme (n’en déplaise aux modernes, moi aussi je suis une ringarde hétéro) au détecteur brouillé (pas de bol hein ?). Jonas et Lior.
Jonas a écrit un très réussi premier livre avec son cœur, un deuxième pas très réussi pour faire plaisir à son éditeur, puis il décide d’arrêter les dégâts et de ne plus écrire (les hommes sont des enfants dans des corps adultes : il boude !). Pour payer son loyer, il trouve un mi-temps dans une librairie hors du commun, avec un vieux libraire malicieux qui joue les entremetteurs entre lecteur-livre-lumière. Jonas compte deux amis également hors du commun : Josh et Chloé (qui vont finir en couple, c’est une histoire d’amour je vous rappelle !), qui conseillent, secouent, écoutent et refont le monde avec Jonas, des amis quoi.
De son côté, Lior s’est dernièrement fait larguer assez mochement par un type pas sympa, une fois de plus. Elle décide en toute légitimité de fermer son cœur à tout nouveau coup de cœur, à tout attendrissement, et file direct travailler au service d’accompagnement des fins de vie (oui, ras le bol de souffrir, elle donne ce qu’elle a aux malades, elle noie sa peine dans le travail, ça marche). Son amie à elle s’appelle Elsa, une tornade de sympathie sur écran géant, et il en faut de la bonne humeur parce que ces deux là sont colocataires et Lior part ensuite assister une jeune paralysée.
Aussi incompréhensible que cela puisse paraître, Lior et Jonas sont des flammes identiques, Jonas le sait déjà, mais Lior est un peu plus longue à la comprenette. Et ça donne une très belle histoire d’amour qui finit sacrément bien, puisque tomber amoureux, c’est comme rire ou pleurer au bout du compte, rien qu’un réflexe. Ah si, j’allais oublier, ça ne finit pas bien pour tout le monde non, parce que les mourants meurent, mais on vous avait prévenus. Mais ce ne sont pas eux qui tirent des larmes, ce sont les réflexions intérieures de Jonas ou de Lior, notamment celles sur la solitude, criantes de vérité.
De même que les personnages ou les situations sont ancrées dans le réel (sauf la fin, ça ne finit jamais comme ça pour moi, c’est pas juste… ah oui, détecteur brouillé…). Il y a les amis qui disent la vérité, même quand elle n’est pas agréable, les amis qui disent la vérité et qu’on ne veut pas croire. Thierry Cohen a déjà publié deux romans très remarqués, dont les droits cinématographiques ont été achetés, je prédis une belle carrière ciné à celui-ci également. |