Spectacle d'après le vaudeville de Georges Feydeau, mise en scène de Vica Zagreba et Hélène Lebarbier, avec Léonard Cortana, Perrine Dauger, Aurélia Decker, Sébastien Rajon, Jean Barlerin, Céline Hilbich, Laure Portier, Clément Vieu et Vahid Abay.
Le chapiteau de la Cartoucherie de Vincennes colle parfaitement avec l’adaptation tzigane du classique de Georges Feydeau que propose la Compagnie Guépard Echappée pour ce Festival Premier pas.
En effet, avec un orchestre en arrière-plan comme dans le fond d’un bastringue, les personnages, chapeaux pointus et airs canailles, rivalisent de mordant et ce beau travail, réalisé de mains de maitres par Vica Zagreba et Hélène Lebarbier, donne à la pièce une énergie nouvelle et un allant enthousiaste et échevelé qui dynamitent cette histoire qu’on connaît par cœur.
A tel point qu’on ne voit pas passer les deux heures de spectacles, embarqués avec les personnages dans ces chassés-croisés amoureux où le dindon de la farce n’est pas toujours celui qu’on croit.
Le texte, comme toujours chez Feydeau, véritable mécanique de précision est ici remarquablement mis en valeur par l’efficacité des comédiens brillamment dirigés par les deux co-metteuses en scène. Tous sont dans le rythme et ne laissent aucun temps mort dans ce délire burlesque, dynamique et complètement azimuté.
Sébastien Rajon campe un Pontagnac séducteur aussi finaud que couard ; il fait un grand numéro et chacune de ses mimiques est croustillante, c’est un vrai régal ! A ses côtés, Aurélia Decker tient avec autorité et beaucoup de charme le rôle de Lucienne, Jean Barlerin est un Vatelin au comique irrésistible jouant avec finesse un personnage pas évident.
Mais ils ne sont pas les seuls : Perrine Dauger, Céline Hilbich et Clément Vieu sont très efficaces également, Léonard Cortana compose un anglais mi-maffioso, mi marseillais jubilatoire, alors que Vahid Abay passe avec beaucoup de réussite et d’énergie d’un voyageur naïf à un valet roublard.
Enfin, saluons la belle prestation de Laure Portier, redoutable de virtuosité dans le rôle de Maggy, qui nous tire des larmes… de rire.
N’oublions pas non plus les musiciens, présents tout au long du spectacle, et qui le servent avec beaucoup d’humilité et de talent. On leur doit notamment un des très bons moments lorsque, dans l’hôtel, ils figurent avec leurs instruments les grelots placés sous le lit.
Une bien belle réussite donc que ce spectacle haut en couleur servi par des costumes chatoyants de Laurence Barres et une scénographie chamarrée conçue par Alice Gervaise.
"L’histoire du Dindon" laisse donc augurer de très belles choses pour cette jeune compagnie prometteuse à suivre de près… |