Spectacle
écrit et mis en scène par Arny Berry, avec Clément Bernot, Alice Bié, Morgane Buissière, Alexandre Cornillon, Ophélie Legris, Victor Le Lorier, Adrienne Muniglia, Benjamin Rousseau, Victor Veyron et les musiciens Slim de Falla, Gabrielle Jéru, Yann Le Tallec, Romain Pellegrini et Rémi Riere.
Acteur, auteur et metteur en scène, Arny Berry, fort de sa marmite artistique familiale à la boutonnière (John Berry, Myriam Boyer, Dennis Berry et Clovis Cornillac), postule au millésime 2011 du Prix Jeunes metteurs en scène du Théâtre 13 avec "Meta/Scanning Hamlet" qu'il présente dans sa note d'intention comme "un Hamlet braudillardien".
Il précise également que les textes de Jean Baudrillard, philosophe post-moderne des années 70 passé à la postérité pour son analyse de la disparition du réel face à la précession du simulacre, constituent une inspiration majeure de son travail et de son parcours théâtral qui sont "traversants et pluridisciplinaires".
Il propose donc un spectacle qui, dans une scénographie qui ressorti de "l'esthétique de la confusion" inclut des vidéos lacunaires, une musique sans identité exécutée en live, qui navigue entre rock atmosphérique, ballade gothisante et new age, et omniprésente avec de surcroît de nombreuses partitions vocales monosyllabiques dispensées par Gabrielle Jéru, qui chante juste, et des solos d'acteurs (Alice Bié et Alexandre Cornillon) qui chantent faux, très faux mais sans doute est-ce volontaire comme participant du "fake", et une succession de micro-scènes se déroulant dans l'univers hospitalier.
Car dans ce millénaire impitoyable, Hamlet (Victor Veyron) est mort et "hante les couloirs d'un hôpital digne de la pire des télénovelas à la recherche des représentations passées" dans lequel, entre autres un jeune homme médecin timoré et incompétent (Victor Le Lorier) est terrorisé par un supérieur fonctionnarisé (Clément Bernot) et une jeune femme médecin (Alice Bié) est obsédée par son désir de maternité insatisfait faute de volontaire qui l'oblige à se rabattre sur une paillette de sperme congelé propice à une ode kiplingienne ("Petit foutre anonyme, tu seras un homme un jour") .
La subtilité du propos échappera sans doute au spectateur qui, ni exégète de Baudrillard ni adepte de l'humour potache, restera sans doute sur la touche de la trame conceptuelle de cet opus "traversant" qui "raconte la métamorphose du texte qui passe du code à l’image, puis de l’image à la parole vivante".
Il n'y verra un patchwork vintage nettement référencé seventies, 40 ans déjà quand même mais qui est dans l'air du temps pour la génération des trentenaires, dépourvu toutefois de la percutance du théâtre-action et plombé par un rythme lymphatique, composé de spoken word métaphysique ("je pèse mon souffle et mon souffle me pèse", "je passe ma vie à côté de ma vie"), de pseudo-happening et de grand guignol qui constitue le fonds de commerce de la mouvance siglée '"jeune création contemporaine" exploité par nombre de collectifs tel par exemple le Club de la Vie inimitable. |