Il fut un temps où Bell X1 s'appelait Juniper. En ce temps-là, Damien Rice en était le chanteur. Et Paul Noonan le batteur. Mais cela fait bientôt dix ans que Rice est parti se faire une carrière solitaire et que Noonan a repris le chant de la formation irlandaise, pour l'occasion rebaptisée du nom du premier avion supersonique – chacun avec un certain succès, il faut bien le reconnaître.
Si le groupe reste relativement méconnu en France, où on ne le cite, tristement, que trop souvent pour le comparer aux presque aussi méconnus et nettement moins passionnants Snow Patrol, il jouit en revanche déjà d'une solide réputation dans son pays, mais aussi au Royaume Uni ou aux Etats-Unis. Noonan et ses acolytes sont d'ailleurs loin d'en être à leur coup d'essai, puisque Bloodless Coup est leur cinquième album, le second publié chez Belly Up, leur propre label.
Bell X1 a un don certain pour écrire d'immédiats tubes, de ces ritournelles pop-rock quelque peu synthétiques immédiatement reconnaissables. La voix de Noonan, d'ailleurs, n'y est pas pour rien. On pourrait, certes, se demander ce que vaut aujourd'hui un single, dans un monde qui le vend quatre-vingt-dix-neuf centimes de dollars sur les plateformes légales. La question se poserait d'ailleurs d'autant plus que l'unité de l'album est loin d'être évidente à saisir. Mais quoi, le mot album ne vient-il pas de là ? Les images sonores que l'on y collectionne doivent-elles toutes se ressembler ?
On aura donc la charité aisée, et l'on se contentera du plaisir facile avec lequel on se laissera entêter délicieusement, dès l'ouverture, par un excellent "Hey Anna Lena" (seule chanson du monde capable d'intégrer sans ridicule ni second degré les paroles : "may the force be with you, 'cause you're worth it") ; puis, quelques pistes plus loin, par un "Haloumi" aux arrières-goûts de Radiohead, un "Nightwatchmen" pas si loin du très doux "Sit down by the fire" d'Hawksley Workman.
L'un de ces albums qui ne révolutionnent pas l'histoire de la musique (n'y prennent, à vrai dire, certainement aucune place), mais que l'on aura souvent plaisir à retrouver, comme par l'un de ces hasards de l'amnésie-discothèque, au milieu d'autres perles tièdes, indispensables seconds-couteaux de nos collections. |