Simon Werner a disparu... est le premier film du réalisateur Fabrice Gobert, sorti en septembre dernier. La bande originale a été composée en grande partie par Sonic Youth.
Ce serait une erreur de considérer le disque de cette bande originale comme le dernier album d’une longue discographie, car une bande originale est toujours établie en fonction d’un film. Sonic Youth s’en étant occupé, on se doute bien alors que le confort d’écoute de cette musique, séparée de son objet initial, est assez difficile. On peut l’écouter chez soi en musique de fond, mais rapidement on sent un certain désagrément, une gêne d’écoute. Le ton général y est austère, et le calme n’est qu’apparent. A plusieurs moments une onde musicale se confond avec des remous s’agitant en profondeur. Cette musique révèle une intranquillité fondamentale : de longues plages d’un son menaçant tendent vers le silence – et il faut se méfier de ce genre de silence. Il est moins important de nommer ici les titres du disque, assez quelconques ("Alice et Simon", "Jean-Baptiste à la fenêtre", "Jean-Baptiste et Laetitia", etc.) que de les considérer parallèlement au film de Fabrice Gobert.
Au début des années 90 dans une classe de terminale d’un lycée en banlieue parisienne, l’élève Simon Werner manque à l’appel. Cette absence marque le début d’une série de disparitions mystérieuses inquiétant les élèves de la classe. Progressivement de nouveaux éléments inquiétants viennent troubler la vie du lycée. Ce scénario ressemble fortement à du Gus Van Sant : prédilection pour l’adolescence et son angoisse existentielle, atmosphère étrange, lente installation du malaise. Le choix de Sonic Youth pour composer la bande originale était donc une grande idée du réalisateur, correspondant tout à fait à l’univers du film : par sa puissance, sa singularité, sa mélancolie naturelle. |