Comédie dramatique de Jean Genet, mise en scène de Serge Gaborieau et Armel Veilhan, avec Marie Fortuit, Odile Mallet et Violaine Phavorin.
Deux bonnes aiment et haïssent à la fois leur patronne. Elles ont dénoncé l’amant de celle-ci par des lettres anonymes. Apprenant qu’on va le relâcher, faute de preuves, et que leur trahison sera découverte, elles tentent une fois de plus d’assassiner Madame, échouent, veulent s’entre-tuer.
Voici, de la plume même de son auteur, qui omet cependant de citer l'étrange cérémonie cathartique auquel se livrent les bonnes,, le résumé de la comédie dramatique intitulée "Les bonnes", pièce de Jean Genet qui ne quitte guère l'affiche.
Toutefois, et malgré l'avant propos, les didascalies et le vademecum "Comment jouer Les Bonnes" écrits par l'auteur, à chacun ses bonnes. Et de la tragédie identitaire au huis clos d'une Trinité féminine en passant par la satire sociale, l'éventail est large.
La proposition de Serge Gaborieau et Armel Veilhan, qui se dispense de l'unité de lieu originelle constitué par la chambre de la maîtresse pour le diffracter en miroir, la chambre de la maîtresse et la chambre de bonne, repose sur leur envie de "tirer le fil du polar de la pièce, de redonner tout son suspens à l’intrigue et toute la comédie de la pièce" dont l’écriture "purge le noir théâtre de l’adolescence".
Une proposition qui, par ailleurs, s'articule sur la grande différence d'âge entre les protagonistes, les bonnes, interprétées par deux jeunes comédiennes, Marie Fortuit et Violaine Phavorin, et la patronne, incarnée par Odile Mallet, et dont les parti-pris, dans un registre de jeu réaliste, sont aussi forts que singuliers.
Ainsi, face à une maîtresse qui a une attitude de vieille petite fille gâtée et dont le comportement, presque tendre, n'est ni moquerie ni condescendance mais résulte d'une cruauté inconsciente doublée de paternalisme de rigueur, les bonnes ne sont plus tant des névrosées monstrueuses avec une forte composante érotique que des post-adolescentes psychotiques entraînées dans un jeu de rôle qui tourne mal.
Marie Fortuit et Violaine Phavorin tiennent bien la distance face à Odile Mallet, parfaite en pseudo-bourgeoise écervelée en tenue léopard, qui passe innocemment entre les mailles du filet tout en jouant habilement au jeu du chat et de la souris. |