La première personne à m'avoir parlé d'Half Asleep est un certain Jullian Angel (dont on recommande chaudement le dernier album), à l'époque où ces deux-là se cachaient sous le nom de The Unexpected sur un disque où ils accompagnaient l'excellente Delphine Dora (qui est d'ailleurs responsable en ce moment même, avec la collaboration de Sing Sing de Arlt, du premier album des Loustics, qui n'est autre que l'un des projets musicaux les plus aventureux et les plus fous qu'il fut possible d'entendre depuis "Feu Et Rythme" de Colette Magny, sur le plan des dérives sonores improvisées et free jazz et non, bien évidemment, sur le plan politique, Les Loustics ayant une moyenne d'âge de 8 ans).
Delphine Dora et Jullian Angel que l'on retrouve d'ailleurs sur ce premier opus en six ans, au même titre qu'Isabelle Casier de Pollyanna. On ne va pas se mentir, ce disque n'est pas gai, et même sacrément sombre, néanmoins d'une belle noirceur qui ne cherche aucunement à imiter les ténèbres mais, proche d'un soleil noir que l'on pourrait croiser dans une Europe chrétienne folklorique de l'Est, voire d'un "Soleil Frais", pour citer Dick Annegarn.
Musicalement, les compositions sont remarquables et d'une diversité à toute épreuve rappelant aussi bien l'acid folk progressif barré made in UK à la Comus, que le free de Patty Waters ou les prouesses techniques de Chopin. L'on appréciera également les parties de guitares nylon espagnolisantes en introduction qui plongent directement au coeur de l'univers singulier et donc personnel d'Half Asleep. Un très beau disque, à l'écriture lumineuse, dont la pierre angulaire est l'étonnant "For God's Sake Let Them Go!", d'une artiste forcenée au potentiel de légende underground en devenir qui est définitivement à suivre. |