Comédie dramatique écrite et mise en scène par Mathieu Beurton, avec Michaël Benoit, Déborah Claude, Samuel Forst, Marie Lombard, Yoan Masson et Matthieu Quéré.
Après "Les Amers" (accueilli avec succès lors des Avignon Off 2008 & 2009), la Compagnie de l’Onyrie revient avec un nouveau récit d’errances et de solitudes, traité cette fois-ci avec plus de légèreté et une bonne dose de burlesque même si, au final, les images produites résonnent d’autant de gravité.
Ce sont deux clowns qui donnent le la dans leur quête de leur "solitude hivernale", entrainant avec eux des personnages qui souffrent du manque de liens et d’amour, se croisent, changent de direction jusqu’à trouver leur place. Les clowns, tels des anges gardiens invisibles continuent en parallèle leur poursuite inlassable.
Munis de valises, les êtres se meuvent, s’entrecroisent, s’interchangent (comme dans "Un Cri [Un Silence]", la pièce précédente de Mathieu Beurton) et au final, laissent planer un sentiment de mal-être traduit par des comédiens absolument exquis et profondément touchants. De l’énergie de Déborah Claude à la finesse de jeu de Michaël Benoit, en passant par la virtuosité de Mathieu Quéré, la cocasserie de Yoan Masson (entre Buster Keaton et Lino Ventura) ou l’espièglerie de Samuel Forst, tous sont magnifiques. Quand à Marie Lombard, elle illumine le spectacle de son humanité. Son clown est absolument inoubliable.
Le spectacle doit également beaucoup à la fantastique musique de Mariette Girard et Anne-Sophie Versnaeyen qui rajoute encore à cette solitude une touche de poésie supplémentaire, et bien-sûr à la mise en scène caracolante de Mathieu Beurton qui mêle en un ballet foisonnant ce cortège insolite d’hommes et de femmes tristes dont on ne sait plus à la fin qui parle à qui, et transforment les valises en éléments de décor au gré de leurs pérégrinations.
Heureusement, le manque de communication exprimé par une violence sourde et aveugle se transforme peu à peu en prise de conscience et en amour vrai par la grâce de deux nez rouges…
Une solitude hivernale où le rire et l’émotion cohabitent et se renvoient la balle tandis qu’un auteur et une jeune compagnie dynamique confirment leur superbe talent. |